Destination : 20 , Sens interdit(s)


Ma prime jeunesse

Ma prime jeunesse n'a pas été très heureuse, mais se souvient-on de cette

première période de l'existence ? Ce n'est que plus tard que j'appris par
mes parents adoptifs que j'avais subi de tels sévices que des voisins,

alertés, firent des démarches pour me placer dans une sorte de DASS. J'tais

bien triste, ne mangeais rien, pourtant bien soigne, tout comme mes nombreux

frères et soeurs.



Un jour, arrivèrent un monsieur très grand et sa femme, assez petite, qui me

parlèrent, furent très doux et me demandèrent si je voulais venir habiter

chez eux. Je n'avais aucun choix ou plutot si, continuer à vivre sans mème

savoir d'où je venais ou les suivre et voir .....



Les premiers temps j'étais très craintif, n'osant bouger ou faire du bruit,

me souvenant des conséquences pas si lointaines. Puis au fil ddes jours, ma

nouvelle maman m'emmena avec elle pour de belles promenades. Nous habitions

la Provence et je me souviens de ces sorties avec elle. La route sentait le

genèt, les plantes qui servent à préparer les plats. Encore que je n'aimais

pas trop quand elle e mettait dans la soupe du soir. Elle rencontrait

d'autres personnes, toujours gentilles avec moi. J'aimais par dessus tout

quand elle allait boire un café chez une dame qui avait une petite fille de

mon age, une vraie chipie ou une future femme. Elle s'amusait avec moi, me

faisait courir et moi, pauvre nigaud, je suivais jusqu'au moment où elle

partait en riant et m'abandonnait ; mais elle était si jolie et avait le

mème parfum que sa maman



Il fallut partir un jour ; en déménageant j'étais très inquiet. Et si on

allait encore m'abandonner mais il sembla que je faisais partie du voyage.



Une ville. Moi qui n'avais jamais quitté ma campagne. Les bruits, les

autobus, les odeurs de monstrueuses voitures. Enfin nous allions au parc

voisin Les grands arbres apportaient de la fraicheur et n'étaient pas trop

envahis de mauvaises odeurs, mais celà ne valait pas ma Provence.



Re-deménagement, cette fois ce fut au bord d'un bassin où des tas d'enfants

venaient jouer. La mer n'était pas loin ; non que j'aime la mer, j'ai

horreur de me baigner mais un petit jogging sur la plage, tot le matin,

n'est pas fait pour me déplaire;



Un jour, catastrophe; il me sembla que le monde s'arrétait de tourner.

Finies les bonnes odeurs, le pain à la boulangerie, la cuisine de ma maman,

son parfum. J'avais beau renifler une heure avant de lever la patte (ah oui

j'avais oublié de me présenter) Mon nom est Joker, enfant de la SPA. Où

étaient passées les bonnes odeurs de mes petites copines et voilà qu'en

supplément, lorsque je voulais leur faire quelque calin, elles me montraient

les dents. Je vieillisais, à coup sur. Mon papa m'amena chez le vétérinaire

qui me trouva en pleine santé. Je n'osais lui avouer que je ne sentais plus

rien. Il se contenta de dire que mes dents étaient sales Comment mes dents,

elles sont encore très potables. Je peux mordre et n'hésiterais pas à le

faire si l'on m'attaquait. Comment faire comprendre que mon problème était

ailleurs ? Les hommes n'ont aucune psychologie.



Un matin, maman mit du parfum ; je me mis à tousser, à eternuer, à pleurer

; mais donc, je le sentais, j'avais retrouvé mon flair ? Le miracle. Que

s'était-il passé pendant quelques jours ? Déprime, approche du printemps ?

Après tout , les humains ont bien des faiblesses, pourquoi pas nous, enfants

à quatre pattes ? La vie me souriait ; je ressentirais les croissants du

boulanger, le parfum de ma maitresse ; de joie, moi qui ai horreur de la mer

suis allé me tremper les pattes ; oh ! pas trop je ne tiens pas à me noyer

maintenant que je suis redevenu normal Joker chien .



Anne-Marie