Destination : 29 , Rimbaud en carte postale.


En Provence

Le vallon offre, ici, de charmants tableautins.

Le milieu végétal, avec naturel, y peint d’ inimitables aquarelles.

Quelle que soit la saison, la grâce vient dans chaque frondaison.

Au pied des chênes kermes, sinoples chevaliers, dans la garrigue des

romarins que l’ hiver fleurit de bleu tendre, le peintre mystérieux installe

des mosaïques.

Les flaques violettes des lavandes éclairent les rocailles où les

chèvrefeuilles caracolent, déployant leurs rameaux volubiles ornés de pâles

trompettes qui souffle un air parfumé dès la tombée du jour.

Dans un équilibre incertain, sur les pentes arides, se cramponnent les

tortueuses touffes du thym dont les corolles incarnadines côtoient le

souffre des genets.

Des oiseaux au vol acrobatique viennent frôler de leur ventre blanc le bas

des éboulis poivrés de flavescents orpins.

Dans ses affaissements, les saponaires magenta,coudoyant sauge et sarriette

s' alternent au saphir des fleurs de lin.

Les fragiles cistes, aussi ténues que la soie, frissonnent au moindre

souffle d air. Mauves ou jaunes, elles se juxtaposent aux solides valérianes

roses sombres.

Mais plus loin, décor bien prosaïque, ce ne sont que souillures immondices

et papiers gras.

Corinne