Destination : 157 , La route


La ballade de Louis

Comme Nina est partie, Louis s'en est allé.

Dans sa 203 grise, sans bagage, il a quitté le rivage.

Avec un sourire triste, il a taillé la route sans se retourner,

Est allé voir ailleurs même si ça lui serre le cœur.

Il roule doucement dans le jour finissant,

Sur le long ruban sombre de goudron,

Les yeux plissés, éblouis par le reflet de la chaussée.

Des bas-côté plein d'herbes folles, des oiseaux noirs s'envolent.

Louis suit la ligne blanche, compte les peupliers sans y penser.

Des mirages tremblotants sortent du bitume qui fume.

Dans l'air tiède de l'été, il prend le boulevard de la mer.

Il longe la corniche où se dessine son ombre.

Aucun chemin, aucun macadam n'apaisera son âme.

Dans le cul-de-sac, le caniveau déborde de ses larmes.

Sur la voie- express, ses dents se serrent, il accélère.

Dans le giratoire, désespéré, il déraisonne

Sur l'autoroute, insensé, il fonce à contre-sens.

Fabinuccia