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les errances de Pipioli

Les errances de Pipioli





Quand on demandait à Pipioli ce qu’il voudrait faire quand il serait grand, il ne répondait pas comme tous les autres enfants pompier, mais choisissait toujours un métier en relation avec ce qu’il avait goûté de ce jour-là.



Il faut dire que Pipioli était le dernier enfant de la famille Souris. Celle-ci s’était installée depuis des générations dans les vieux bâtiments de la mairie d’un village situé dans centre de la France, là où l’on pouvait encore voir sur le fronton « Liberté égalité fraternité ». Ils jouxtaient l’ancienne école. Ah, qu’elle avait été animée cette école depuis les Hussard noirs jusqu’à il y a encore une dizaine d’années !

Maintenant elle sert de débarras pour quelques antiquités et vieux machins encombrants. Mais Pipioli et sa sœur Pistache y vivaient heureux. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils avaient abondance de nourriture. A coté de leur cuisine, un réduit regroupait pêle-mêle des ouvrages de toutes sortes. On avait abandonné là, au milieu des toiles d’araignées des vieux documents municipaux, des vieux plans cadastraux, un régal pour le père de Pipioli, des vieux registres paroissiaux qui auraient fait le bonheur des apprentis généalogistes et qui servaient à Pistache comme modèles de calligraphie. Il y avait aussi une vieille carte de France sans l’Alsace et la Lorraine, ce qui ne laissait pas d’intriguer Pipioli qui se demandait sans cesse qui pouvait bien avoir mangé ces beaux morceaux.

Le grand plaisir de Pipioli, c’était de s’aventurer dans les rangées d’ouvrages. Assis il dévorait pendant des heures les contes de Perrault ou d’Andersen. Il avait toutefois veillé à ne pas être transformé en cheval pour le carrosse de Cendrillon. Dans ses découvertes il voulait être tour à tour le Marquis de Carabas, Barbe Bleue pour faire peur à Pistache ou encore le seigneur de D’Artagnan.

Il naviguait entre les journaux bandes dessinées comme Bécassine ,Bibi Fricotin ou encore Les Pieds Nickelés, mais évitait soigneusement tous les livres où il y avait des chats. Pourtant, il avait adoré les fables de la Fontaine surtout Le lion et le rat car il se sentait presque la vedette. Les rats sont un peu cousins des souris.

Il alla jusqu'à ronger quelques lettres de Madame de Sévigné, quelques actes du Malade imaginaire et du Cid et se prit pour Rodrigue. Il osa s’attaquer à l’Assommoir et au Père Goriot mais renonça à une édition suisse très ancienne des œuvres de Jean Jacques Rousseau.

Il grignota donc un morceau d’un livre « Le tour de France par deux enfants » il décida qu’il serait instituteur.

Il brava l’interdiction et rogna quelques romans policiers, il eut très peur, fit des cauchemars mais décida qu’il serait « espion de bandits ».

Un jour, il découvrit tout au fond d’un rayon, un herbier fabriqué par des écoliers qu’il ne rencontrerait jamais. Il fut ému de découvrir toutes ces plantes référencées dont les noms étaient écrits à l’encre violette de plusieurs mains maladroites. Il y avait une pile de cahiers dont chaque page était couverte de dessins au crayon mine de plomb et couleurs. Il emporta une page de la Petite Flore pour que Maman lui confectionne un gâteau. Ce jour-là il voulut être horticulteur ; d’ailleurs sa maman adorait les roses.



A quoi cela tient le choix d’une profession !







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