Destination : 148 , En ville d'Ailleurs


Le chant des villes

En ce matin d’hiver,

Encore engourdie par la douce chaleur de la nuit,

Je savoure la volupté de la couette

Qui semble vouloir me garder au chaud sous sa grande aile.

J’ouvre doucement les yeux,

Et j’écoute…

J’écoute le silence…

Comme c’est étrange de ne plus reconnaître les bruits de la ville !

Je me lève et ouvre les volets… Surprise !

Le Ciel, ce grand timide, a profité de la nuit

Pour déposer, silencieusement, un grand voile blanc sur sa fiancée.

Je comprends alors que dès hier, lorsque je l’ai vu si bas, si blanc,

Il tentait de nous annoncer son mariage avec la Terre.

Cérémonieusement, les maisons ont déjà coiffé leurs chapeaux blancs,

Les arbres mis leurs longs gants immaculés,

Et tous s’impatientent d’aller à la noce.

Les yeux écarquillés, j’observe le spectacle, fascinée.

Il m’est impensable de perdre une miette de la célébration qui se prépare.

C’est alors que le Soleil entre en scène :

C’est lui qui, aujourd’hui, solennise la cérémonie.

Et puisque les deux amoureux semblent prêts,

Le Soleil peut répandre, au travers des invités gantés,

Ses pièces d’or sur le grand tapis blanc.

Le voile ainsi se défait. Pianissimo…

Monsieur le Ciel et Madame la Terre sont unis à tout jamais.

Quelques mésanges viennent inscrire dans les airs d’ invisibles mélodies

Qu’une chorale de passereaux entame joyeusement.

Au loin des gens parlent, un moteur démarre, un klaxon vocalise.

Le chant de la ville monte tout doucement dans l’air ouaté.

Il se joint à nous pour célèbrer les deux amants.

Griotte