Destination : 204 , A contre courant
Manganèse
Pour fêter ce premier jour de printemps, Annie avait préparé un pain de Gênes. La recette lui venait de sa grand-mère, qui elle même la tenait de la sienne...
Or, il se trouve que le chat de la maison était originaire d’Italie. Annie l’avait recueilli lors d’un voyage dans la capitale de Ligurie, il y a de cela presqu’une année…déjà ? Mais oui, c’était un périple pour fêter ses quarante ans, elle en aurait quarante et un le mois prochain, mon Dieu que le temps file ! Le matou efflanqué errait depuis trois jours devant l’hôtel, miaulant sa faim et sa solitude à qui voulait l’entendre. Annie l’avait nourri, cajolé, et n’avait pas eu le cœur à le laisser sur place au moment de son retour en France.
- Ding Dong !
Les ballerines d’Annie se pressèrent dans le couloir.
- Bonjour Tatie Annie !
- Bonjour mes chéris ! Entrez, entrez, je vais baisser la musique…
Depuis le couloir on entendait, arrivant du séjour, la vieille qui mettait du vieux pain sur son balcon, pour attirer les moineaux les pigeons.
- Mais entrez, vous connaissez la maison tout de même ! Allez, installez-vous dans le salon, je vais mettre de l’eau pour le thé et j’apporte le gâteau, il est encore tout chaud... Ensuite nous irons nous balader. Que préférez-vous aujourd’hui, le lac du Meunier à pieds ou la tour de Babelio à vélo ? demanda-t-elle en sortant du salon.
Sans avoir entendu la réponse, Annie entra dans la cuisine et fulmina : le chat avait englouti les trois-quarts du pain de Gênes ! Elle était toute désappointée…
- C’est pas grave Tatie Annie, fallait bien qu’il se nourrisse Manganèse, et tu sais bien : quand y a pas d’Gênes y a pas d’plaisir ! Faut le comprendre ce pauv’chat, avec tout le retard qu’il a à rattraper de tous ces jours où il n’avait rien à se mettre sous les crocs !
- Oui, enfin, ça fait bientôt un an qu’il se rattrape, ça devrait commencer à aller mieux !
- Allez viens, on t’emmène à la Pâtisserie des rêves, et on ramènera un p’tit quelque chose pour Manganèse, histoire le consoler de n’avoir pas pu venir avec nous…
- Pfff…
