Destination : 102 , Traces...
Michel Serres,* ce grand penseur, épistémologue et philosophe de son état nous apporte la réflexion suivante : l'homme pollue par nature**. Il aime, comme un tas d'autres animaux, marquer son territoire en y laissant de ses déchets. Pour illustrer ses propos, le chercheur nous relate l'exemple d'une tasse de café qui a été goûtée par un autre et qui devient impropre à notre consommation, de même qu'il nous faut laver le vêtement porté par un autre...
Le français porte même dans son âme et dans ses mots trace de cela : l'adjectif propre désigne à la fois ce qui m'appartient et ce qui n'est pas souillé. Je peux m'approprier ce qui est propre. Propre a ainsi donné propriété...
Où allons nous ainsi, au cours de cet atelier ?
En prenant un chemin parallèle j'ai pu lire déjà à plusieurs reprises au cours d'ateliers que nombre de personnes (peut-être moi aussi) avaient le désire d'écrire pour laisser une trace d'eux. Un peu comme l'on s'approprie le monde avec ses déchets, on se créé une part d'éternité en laissant une trace de nous par écrit. Ecrire serait une forme de pollution (pas au sens négatif du terme). Ce n'est pas non plus par hasard si l'espace médiatique plus ou moins vierge du web s'est rapidement trouvé envahi par des puissants puis par tous pour finir en blogs à n'en plus finir, plusieurs dizaines de millions paraîtrait-il pour les français qui seraient champions...
Cela ne vous dit toujours pas où aller.
Et bien, là où vous voudrez. Soyons plus précis : imaginez qu'un espace vierge, infini en terme d'espace et éternel en terme de durée existe, quelles traces y laisseriez-vous? Cela peut être un espace médiatique, une page blanche, un monde nouveau, une sonde à envoyer vers l'espace (comme celle de Voyager ), un espace virtuel... Cela peut aussi et c'est plus facile être la trace que vous souhaiteriez laisser dans Ce monde. Il faut écrire cela en mots !
Attention, la consigne n'est pas d'écrire son testament, mais de polluer comme nous l'avons défini plus haut.
Cette consigne laisse la place à plus d'une interprétation : vous pouvez ainsi écrire le plus beau poème que vous puissiez à destination des générations futures ou encore raconter votre rencontre avec une espèce extra-terrestre qui ne retiendra de l'humanité que sa brève rencontre avec vous mais aussi raconter comment le destin particulier d'une fourmi transforma l'espèce entière...
On peut aussi interpréter cette consigne comme la possibilité de s'approprier quelque chose en y laissant sa trace...
Bref, polluez,
polluez
et polluez encore !
Ce n'est pas tous les jours que l'on vous y encourage.
*http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Serres
http://www.michelserres.com/ (in english, sorry ! )
**
http://txtnet.com/POMMIER/ouvrage.asp?IDLivre=320 livre: « Le mal propre » dont la promotion par l'auteur a inspiré votre serviteur.
Pour terminer, je suis heureux de signaler que Michel Serres est un philosophe qui se fait facilement comprendre, à la portée de tous, qui a la particularité d'aborder la technologie et son avenir avec optimiste ! Philosophiquement, il approuverait notre atelier, c'est sûr (enfin son principe).