Destination : 148 , En ville d'Ailleurs


Cette destination sera urbaine, ce qui n’est pas souvent le cas. La ville, fourmilière humaine est probablement née avec la littérature et toutes deux entretiennent des rapports étroits. Bien sûr, il en est comme moi qui fuient volontiers les jungles urbaines pour la nature la vraie, pour les espaces les vrais. N’empêche, on reste toujours fascinés par des villes, qu’on les connaisse ou qu’on les fantasme. Je ne vous ferai pas ici un itinéraire pléthorique des villes envoutantes qui pourraient servir de destination. Le sujet de ce voyage sera la ville, elle pourra en être le personnage principal, elle pourra être adorée, adulée ou haïe… A vous de décider. Votre ville pourra aussi être la toile de fond de votre histoire, elle pourra être imaginaire, future, légendaire, champ de ruines…

Tout vous est permis : du poème classique à la lettre d’amour, du rêve au polar, de la recette au reportage, soyez notre guide !



L’inspiration pour cette destination ?

Le dossier sur les villes paru dans le dernier Télérama, petit bijou de photos et de reportages.

http://www.telerama.fr/monde/si-vous-avez-rate-notre-dossier-sur-les-villes,64111.php



Les écrivains référence ?

Ils sont nombreux, ceux qui chantent New-York ont ma préférence (Paul Auster, John Dos passos, F.S Fitzgerald …)

Sur les écrivains de NY aujourd’hui, ce documentaire d’arte : http://video.google.com/googleplayer.swf?docid=-1137366214128765497&hl=fr&fs=true



Mais Paris ne fut pas en reste avec Zola, Balzac, Chateaubriand, Voltaire, Sartre, Prévert, Hugo, Vian, Proust…

Pour une fois je choisis un poète Belge qui chanta la ville du XIXème siècle, il rappellera à certains leur bac de français : Emile Verhaeren.



La ville



Tous les chemins vont vers la ville.



Du fond des brumes,

Avec tous ses étages en voyage

Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,

Comme d'un rêve, elle s'exhume.



Là-bas,

Ce sont des ponts musclés de fer,

Lancés, par bonds, à travers l'air ;

Ce sont des blocs et des colonnes

Que décorent Sphinx et Gorgones ;

Ce sont des tours sur des faubourgs ;

Ce sont des millions de toits

Dressant au ciel leurs angles droits :

C'est la ville tentaculaire,

Debout,

Au bout des plaines et des domaines.



Des clartés rouges

Qui bougent

Sur des poteaux et des grands mâts,

Même à midi, brûlent encor

Comme des oeufs de pourpre et d'or ;

Le haut soleil ne se voit pas :

Bouche de lumière, fermée

Par le charbon et la fumée.



Un fleuve de naphte et de poix

Bat les môles de pierre et les pontons de bois ;

Les sifflets crus des navires qui passent

Hurlent de peur dans le brouillard ;

Un fanal vert est leur regard

Vers l'océan et les espaces.



Des quais sonnent aux chocs de lourds fourgons ;

Des tombereaux grincent comme des gonds ;

Des balances de fer font choir des cubes d'ombre

Et les glissent soudain en des sous-sols de feu ;

Des ponts s'ouvrant par le milieu,

Entre les mâts touffus dressent des gibets sombres

Et des lettres de cuivre inscrivent l'univers,

Immensément, par à travers

Les toits, les corniches et les murailles,

Face à face, comme en bataille.



Et tout là-bas, passent chevaux et roues,

Filent les trains, vole l'effort,

Jusqu'aux gares, dressant, telles des proues

Immobiles, de mille en mille, un fronton d'or.

Des rails ramifiés y descendent sous terre

Comme en des puits et des cratères

Pour reparaître au loin en réseaux clairs d'éclairs

Dans le vacarme et la poussière.

C'est la ville tentaculaire.



La rue - et ses remous comme des câbles

Noués autour des monuments -

Fuit et revient en longs enlacements ;

Et ses foules inextricables,

Les mains folles, les pas fiévreux,

La haine aux yeux,

Happent des dents le temps qui les devance.

A l'aube, au soir, la nuit,

Dans la hâte, le tumulte, le bruit,

Elles jettent vers le hasard l'âpre semence

De leur labeur que l'heure emporte.

Et les comptoirs mornes et noirs

Et les bureaux louches et faux

Et les banques battent des portes

Aux coups de vent de la démence.



La suite : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/mile_verhaeren.html />
( avec d’autres poèmes de Verhaeren )

http://www.poetes.com/verhaeren/index.php

http://emileverhaeren.com/ />


En route,
ne perd pas de

vue cette rumeur,
il est l'heure,
la brume étend ses bras,
la nuit t'enveloppe,
Elle t'attend.

De là où tu es,
A pied
il ne te faudra pas
longtemps,
les lueurs
électriques
unissent leurs efforts,
rien ne
saurait t'échapper.


JFP

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