Destination : 182 , A table !


Voilà plusieurs mois que je suis interpellée par de nombreux textes ou échanges « gourmands » au sein de notre atelier, autour de recettes ou de souvenirs culinaires, me faisant la remarque que cela pourrait devenir un sujet de destination. Tout aurait pu en rester là si je n’avais découvert, cet été, dans le numéro 67 du magazine Muze, un article sur ce sujet dont voici un extrait :

« S’il existe un domaine dans lequel s’applique parfaitement l’expression « tous les goûts sont dans la nature », c’est celui de l’alimentation. Dévoreurs de pâtisseries, adeptes du bio, végétariens, amateurs de graines germées, curieux de gastronomies exotiques, gros ou petits mangeurs, on trouve de tout dans les habitudes alimentaires. Mais est-ce seulement une affaire de goût ? Au-delà de la physiologie, notre assiette est un miroir qui reflète notre personnalité et notre histoire… La relation à l’alimentation varie selon l’éducation, l’héritage familial, la sensibilité de chacun. La nourriture comme les attitudes à table sont des signifiants.»

Suivait une interview du chef Anne-Sophie Lepic, qui m’a beaucoup impressionnée par la façon dont elle évoque la cuisine, qui s’apparente à une expression artistique au même titre que la peinture (importance des couleurs, du visuel) ou la sculpture (l’agencement, la texture des ingrédients). Mais j’y ai surtout trouvé bien des points communs avec l’écriture, avec ce que raconte chaque ingrédient, chaque savoir-faire ainsi que le plat lui-même de ce que nous sommes ou ce que nous avons vécu.

L’article terminait sur une sélection d’ouvrages, présentée en fonction du rapport à l’alimentation * :
- La gourmande : « La Maison de Claudine », de Colette.
- La compulsive : « Le Journal de Bridget Jones », d’Helen Fielding.
- La générationnelle : « Bazar Magyar », de Viviane Chocas.
- L’anorexique : « Le pavillon des enfants-fous », de Valérie Valère.
- La boulimique : « Confession d’une grosse patate », de Suzie Morgenstern.

Je connaissais l’œuvre de Colette, son univers sensuel parsemé de références culinaires, de souvenirs alimentaires, mais aussi de généreuses descriptions des produits. J’avais déjà lu Bridget Jones et ses déboires alimentaires/amoureux, ainsi que Valérie Valère dont le témoignage m’avait bouleversée.
J’ai par contre plongé avec délice dans le roman de Viviane Chocas, je me suis régalée à la lecture de cette belle histoire dans laquelle une jeune fille, Klara découvre ses origines hongroises, tues par ses parents, grâce à la cuisine de son pays. A travers les saveurs, naît chez elle le désir de lever le voile sur ses racines et, doucement, elle dénoue les fils de son histoire…

Mais venons-en au fait et, après ces quelques mises en bouches, passons au plat principal : pour cette destination, je vous propose de nous faire entrer dans votre cuisine. Rassurez-vous, je ne vais pas vous demander de nous concocter un « Dîner presque parfait »… bien que je ne mette pas en doute vos talents culinaires !
Il s’agira, pour commencer, de choisir une recette -celle que vous voulez-, que vous aurez soigneusement sélectionnée dans le grand livre de cuisine de votre grand-mère ou au contraire piochée au hasard sur internet (un lien, parmi la multitude des propositions qui circulent sur le web : http://www.recettesdecuisine.net ).
A partir de là, vous aller cuisiner votre recette… à la mode d’Ailleurs, c’est-à-dire par le biais de l’écriture. Je m’explique pour essayer d’être un peu plus claire : votre texte devra s’inspirer directement de votre recette, que ce soit du nom du plat, des ingrédients, des étapes de réalisation ou même de la recette dans son ensemble.

Vous pouvez soit la détourner pour en faire quelque-chose de tout à fait différent (par exemple, modifier les ingrédients du flan au caramel pour en faire un programme politique ; prendre la recette d’un gratin de légumes pour raconter une soirée mondaine, etc.) ou, au contraire, vous attarder sur chaque ingrédient, chaque geste de la préparation pour raconter une histoire et ce que chacun de ces éléments vous évoque (par exemple, la kermesse de l’école à travers les crêpes roulées par paquets de 10, et dégoulinantes de sucre fondu qui coule sur les doigts, mais ce sont les meilleures).

Quel que soit votre choix, la recette ne sera qu’un prétexte pour parler d’autre chose. Il peut s’agir d’une fiction ou de souvenirs d’enfance, peu importe, car tous les ingrédients sont permis : le seul liant entre nos différentes préparations sera l’utilisation d’une recette que l’on doit retrouver (directement ou indirectement) dans votre texte final.

Alors, que votre préparation soit épicée, sucrée ou salée ; qu’elle se déguste chaude ou froide : tous à vos fourneaux pour régaler nos papilles/pupilles ! Aujourd’hui, c’est vous le Chef !
Bon appétit à tous !


*Pour compléter cette liste, j’ajouterai (entre autres !):
- Des mots à la bouche. Festins littéraires (folio poche): recueil d’extraits d’œuvre qui célèbrent la table… avec Maupassant, Zola, Apollinaire, Rostand, Daudet…
- « Les Enquêtes de Nicolas Le Floch », de Jean-François Parot, dont les romans sont emplis de description de recettes et de préparations savoureuses de plats oubliés aujourd’hui.
- « Chocolat Amer » de Laura Esquivel, roman dans lequel sont entremêlés roman et recettes de cuisine. Ce livre est déjà à l’origine de la D128 « Lierre au texte », proposée par notre capitaine il y a quelques mois.

Myriam

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