Destination : 219 , effet papillon


Récemment popularisé, l’effet papillon est souvent cité en matière météorologique ou économique. Quel est-il au fait ? C’est une métaphore illustrant le phénomène de sensibilité aux conditions initiales de la théorie du chaos. Il est clair que cette définition n’est pas claire du tout !
Creusons un peu. En 1972, le météorologue Edward Lorentz tient une conférence demeurée célèbre qu’il intitule « Prédictibilité : le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » (Predictibility : Does the flap of a butterfly’s wings in Brazil set off a tornado in texas ?). Si on résume, peut-être à outrance, dans un système complexe, une petite cause peut avoir, par une série d’événements qui s’enchainent et s’amplifient, une grande conséquence. Ainsi, certains pensent que si on pouvait tout mettre en équation, la météo, l’amour, la vie, etc… il serait possible de tout prévoir et notamment même ce qui arriverait à cause de toutes petites choses. Ce n’est pas non plus démontré. De même qu’aujourd’hui les spécialistes de la météo ont invalidé l’hypothèse de Lorentz puisqu’ils pensent (voire ont démontré) qu’un phénomène aussi minime que le battement des ailes d’un papillon serait « noyé » et sans incidence dans la totalité…

Le plus curieux dans toute cette affaire, c’est que c’est un écrivain qui a été précurseur et visionnaire : Ray Bradbury, dans une nouvelle, « un coup de tonnerre », en 1952. Un voyageur dans le temps remonte dans le passé, écrase un papillon du Jurassique et cette bévue entraine des conséquences dramatiques 60 millions d’années plus tard.

Autre illustration littéraire, ce petit « poème » de Benjamin Franklin :
« À cause du clou, le fer fut perdu.
À cause du fer, le cheval fut perdu.
À cause du cheval, le cavalier fut perdu.
À cause du cavalier, le message fut perdu.
À cause du message, la bataille fut perdue.
À cause de la bataille, la guerre fut perdue.
À cause de la guerre, la liberté fut perdue.
Tout cela pour un simple clou. »
Cette petite histoire me fait penser à la comptine « Marabout, bout de ficelle, selle de cheval… »

Aujourd’hui, la popularisation de cette théorie, passée à la moulinette de notre modernité et de notre quotidien fait que nous savons qu’un détail peut entrainer des évènements importants, d’un crack financier à une passion amoureuse en passant par une guerre. Je pense que l’histoire regorge d’anecdotes ou de petits faits ont entrainé de grandes conséquences. Blaise Pascal : « Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. »

Que vous est-il proposé à partir de cela ? A vous de diverses manières de vous inspirer de l’effet papillon, que ce soit dans une comptine, un poème ou encore une nouvelle nous montrant comment la panne de votre chasse d’eau a changé le cours de votre vie !

Je ne peux aussi m’empêcher de parler d’un cousin de l’effet papillon : l’effet domino. Lui aussi, au départ insignifiant entraine dans son sillage une suite de réactions en chaine. Vous pouvez bâtir votre texte à partir de cet effet.
Les mélomanes qui le souhaitent peuvent écouter Benabar qui dans le titre « l’effet papillon » nous illustre le phénomène.

Pour les plus poètes, pourquoi ne pas redéfinir l’effet papillon ? C’est forcément quelque chose de plus poétique, ne pourrait-il pas être le sentiment amoureux ressenti une femme en émoi ?

Pour finir, je citerai un poème de Gérard de Nerval, que j’ai toujours aimé :

Les papillons (extrait)

De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu'aimez-vous mieux ? - Moi, les roses ;
- Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;
- Moi, la moisson blondissante,
Chevelure des sillons ;
- Moi, le rossignol qui chante ;
- Et moi, les beaux papillons !

Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l'on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l'oiseau !...

Qui sait si ce n’est pas ce poème qui fut mon effet papillon pour un jour me faire écrire ?

Allez, je vous adresse un clin d’œil !

JFP

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