Destination : 284 , Testaments
Destination 284 : Testaments
Houla houla ! Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas d’idée morbide et encore moins l’idée de livrer ici ma dernière destination testamentaire !
Non, je vais vous parler de deux textes qui visent à laisser une trace, qui peuvent nous inspirer.
Le premier que je prendrai en exemple est celui d’Henning Mankel, ce grand auteur suédois qui nous a quitté il y a peu (en 2015).
Aussi, en 2014, il nous livrait un dernier livre que je trouve fascinant, il me semble que cet ouvrage ressemble à un testament, il y parle de ce qu’il a vécu, et nous livre ses dernières pensées, peut être les plus fortes.*
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que ce livre, intitulé « sable mouvant : fragments de ma vie », n’est pas construit de manière linéaire, on a l’impression de suivre les pensées de l’écrivain, jour après jour, comme elles viennent. Alternent des flash-back, des moments présents où il nous dit comment il fait face au cancer qui le dévore. C’est un peu écrit à la manière de l’autofiction « à la française », sans plan, au gré du texte et de l’auteur.
Pour ce premier itinéraire, je vous propose de faire comme l’auteur : prenez un fait personnel (ou non), décrivez-le et ce qu’il vous inspire puis laissez vos pensées vous guider, un petit peu comme on surfe sur internet : un mot (cliquable) vous envoyant sur une nouvelle page, à l’intérieur de laquelle une nouvelle expression vous entraînera ailleurs. Le plus étonnant, c’est que cela n’est pas du tout déroutant (chez Henning Mankell) et on attend le prochain lien, le prochain rebondissement. Un livre, un texte, écrit comme on vit, sans que l’on sache ce que nous réserve la suite. Dans son livre, il y a tout de même des fils directeurs, je dirais même des obsessions. Par exemple, il est obnubilé par le problème des déchets nucléaires que la Suède se prépare à enterrer, et cette obsession, symbolique mais pas que, revient comme un leitmotiv tout au long du « roman ». Vous pouvez aussi prendre un fil rouge pour votre texte.
Bon, je vous connais un petit peu, vous allez encore dire « j’y comprends rien à cette destination que propose JFP », peut être en termes un peu plus floraux, et cela pourrait vous servir d’excuse pour ne pas vous mettre à l’ouvrage sur votre clavier !
Aussi, je vous propose un second itinéraire, très balisé et très différent. Nous ne sommes pas en présence à proprement parler d’un testament, mais il s’agit aussi de faire preuve de mémoire autobiographique. Dans « Année vingt-quatre », Patrik Ourednik (traduit du tchèque par Benoît Meunier et Patrik Ourednik, Ed. Allia), s’amuse au jeu anaphorique des « je me souviens... » en y ajoutant une contrainte amusante. Il retrace vingt-quatre de ses jeunes années (de 1965 à 1989 en Tchécoslovaquie communiste) de la manière suivante : 24 souvenirs en 1965, 23 souvenirs en 1966… jusqu’à un souvenir en 1989. Cela donne sûrement du rythme à son ouvrage. Je vous propose l’adaptation suivante : 24 mots pour une année, 23 pour la suivante, jusqu’à un seul pour la dernière, une sorte de pyramide inversée. Vous pouvez le faire dans l’autre sens et obtenir une pyramide « normale ». Vous pouvez aussi créer à partir de cette idée une autre contrainte… A vous de choisir votre quart de siècle !
* Nous sommes exactement dans le deuxième sens du mot testament : Dernière expression ou œuvre d'un artiste ou d'une personnalité.
http://www.lexpress.fr/culture/livre/extraits-le-dernier-livre-de-henning-mankell_1722515.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrik_Ou%C5%99edn%C3%ADk