Destination : 294 , Ex île


Actuellement, le musée des Abattoirs de Toulouse (art moderne) propose une exposition sur « Picasso et l’exil ». J’espère, entre parenthèses, que je trouverai le temps pour aller y jeter un œil.
C’est en 1904 que Picasso s’installe définitivement en France après de nombreux aller-retours, notamment à Madrid puis Barcelone. Il a alors 23 ans. Peut-on à proprement parler d’exil ? Il est indéniable que son enfance passée en Espagne l’a profondément marqué et qu’il entretiendra des rapports privilégiés avec son pays d’origine mais aussi des compatriotes exilés (Miro, Gonzales, Dali…). Picasso vivra en France, en temps qu’étranger, les différentes crises qui traverseront son pays d’origine ainsi que toute l’Europe au cours de la première moitié du vingtième siècle et au-delà. Sa condition d’exilé, entouré d’autres exilés comme sa jeune femme Olga, ballerine russe, marquera sans doute beaucoup sa vie d’artiste mais aussi d’homme.
Autre forme d’exil, j’assistais hier à un formidable concert de musique tzigane et Yiddish dont la beauté et ce qu’elle communiqua au public me marqua. La formation musicale « Sirba » avait réussi à faire passer au public autre chose que de la musique, cela racontait des joies, des peines, des traditions, des danses, sur un fond d’itinérance et d’exil. Un instrument, témoin de cet exil, « le cymbalum », offrait à l’assistance sa voix venue de là-bas.
Je retiens la définition de wikipédia pour l’exil, elle convient bien à ce dont je souhaite vous parler :
« L’exil est l'état (social, psychologique, politique...) d'une personne qui a quitté sa patrie volontairement ou sous la contrainte – bannissement, déportation, impossibilité de survivre ou menace d'une persécution – et qui vit dans un pays étranger avec ce que cela implique de difficultés (langue, insertion, identité...) et de sentiment d'éloignement de son pays (nostalgie, déracinement... ). »

Probablement vivez-vous tous pour partie ou pour totalité une situation qui ressemble à l’exil : aujourd’hui il est de plus en plus rare de vivre dans le lieu même où l’on a passé son enfance. Souvent, nous avons quitté nos régions, villes, villages natals pour partir vivre là où la vie nous a menée. Et si ce n’est pas le cas, à certains moments de nos vies nous avons du faire des voyages, qui aussi courts qu’ils soient, nous ont paru être de véritables exils avec tout ce qui s’y rattache. Inspirez-vous de cela pour écrire, pour proposer des récits, des dialogues, des rencontres, de la poésie…

Bien sûr, vous pourrez aussi faire œuvre de fiction, vous inspirer de l’actualité et de tous les exils qu’elle propose : exils climatiques, politiques, culturels, économiques…
Vous pouvez jouer avec votre interprétation personnelles de l’exil : chez des amis, au sein d’une réunion, pour un déplacement professionnel, sur une autre planète…

Enfin, je ne peux pas écrire une destination sur l’exil sans faire référence au magnifique livre de Dany Laferrière « L’énigme du retour ». Il raconte, comment, adulte mûr, il est amené à retourner en Haïti, trente-trois ans après son départ, pour la mort de son père. Ce livre est un roman exceptionnel, fait de poésie et de sensibilité, de nostalgie et de rêve.

http://www.lesabattoirs.org/expositions le site du musée des Abattoirs

http://www.picasso.fr/ très beau site, avec un article spécifique sur Picasso et l’exil

http://www.sirbaoctet.com/ le site du « Sirba Octet », avec la possibilité d’écouter leur musique.

http://www.lettres-et-arts.net/litteratures-francophones-etrangeres/enigme-retour-dany-laferriere+95 une belle analyse du roman de Dany Laferrière.

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