Destination : 32 , Premiers instants
Vous êtes-vous déjà posée cette question : quels sont d’aussi loin que je me souvienne mes premiers souvenirs, mes premières images, mes premières sensations ? Creusez, examinez, triturez, fouillez…
Je vous propose à la fin de la lecture de l’énoncé de cette destination, d’aller lire un extrait* de : « Souvenirs d’un pas grand chose » de Charles Bukowski.
Faîtes-nous vivre vos premiers instants.
Faut-il le rappeler ici, il n’y a pas de limite à votre imagination, votre fantaisie et votre empathie. Inutile de chercher une absolue vérité dans ce genre de destination, ce serait illusoire. Laissez-vous aller jusqu’où vous l’oserez, dosez la part de réalité et de fiction qu’il vous plaira. Pour les plus fictionnels, rien ne vous empêche de nous conter votre naissance de drosophile, votre réincarnation en Ramsès II ou encore votre assemblage-naissance en PC du futur. Pour ces derniers, ne nous dites pas tout de suite ce que vous êtes, mais laissez-nous petit à petit découvrir par vos yeux (?) neufs votre environnement.
« *La première chose dont je me souviens : j'étais sous quelque chose. Ce quelque chose était une table, je voyais un pied de table. Je voyais les jambes des gens, et aussi un bout de la nappe qui pendait. Là-dessous, il faisait sombre, là-dessous, j'aimais bien y être. ça devait se passer en Allemagne. Je devais avoir entre un et deux ans. C'était en 1922. Sous la table, je me sentais bien. Personne n'avait l'air de savoir que je me trouvais là. Il y avait du soleil sur le tapis et sur les jambes des gens.
Le soleil, j'aimais bien. Les jambes des gens n'avaient rien d'intéressant, ce n'était pas comme la nappe qui pendait ; ni non plus comme le pied de table, ni non plus comme le soleil.
Après, il n'y a rien... et après, il y a un arbre de Noël. Des bougies. Des oiseaux pour la décoration : des oiseaux avec des petites branches pleines de baies dans le bec. Une étoile. Deux grosses personnes qui se disputent, qui crient. Des gens qui mangent, toujours des gens qui mangent. Moi aussi, je mangeais. Ma cuillère était ainsi tordue que si je voulais arriver à manger, je devais la prendre de la main droite. Si je la prenais de la main gauche, ma bouche ne la trouvait pas étant donné que la cuillère était tordue dans l'autre sens… »