Destination : 330 , 7, square Ailleurs
Savez-vous que la plupart des gens sur notre Terre ne possèdent pas une adresse précise ? Cela ne veut sûrement pas dire qu’ils habitent nulle part. Le point de départ de cette destination n’est pas exactement celui-là, il est un peu à côté, comme toujours, pas très loin.
James Salter, le grand écrivain américain disparu en 2015, confiait dans une entrevue datant de 1993, accordée à Edward Hirsch de « The Paris review » :
Une fois, Bellow a cherché à me faire écrire sur le pays équestre en Virginie. Je lui avais parlé de la famille de ma femme et des terres que possédait mon beau-père. Je lui ai dit que je ne connaissais pas assez bien le pays équestre en Virginie pour écrire dessus, que je n’y étais allé qu’une douzaine de fois. C’est là qu’il m’a sidéré. Il a fait : « oui, et alors ? Je n’avais jamais mis les pieds en Afrique quand l’ai écrit Le Faiseur de pluie »
Je crois que malgré mes manœuvres de diversion vous me voyez venir, sinon c’est encore mieux. Pour cette destination, je vous propose de creuser l’idée d’écrire un texte sur un lieu, que de préférence vous ne connaissez pas. Ne protestez pas ou Saul Bellow vous rétorquera un cinglant « oui, et alors ? ».
L’idée est de rechercher dans vos fantasmes, votre imaginaire, les sonorités du nom d’un lieu, d’une adresse qui vous parle.
Beaucoup de possibilités s’offrent à vous : vous pouvez combiner votre adresse avec les associations qui vous plaisent :
- 11, rue des Cantinières en colère, Nouméa, Nouvelle-Calédonie
- Bout de la Pointe longue, Saint Louis du Sénégal
- Bois des Repentis, Ladignac-le-long, Haute-Vienne, France …
Dans ces exemples je choisis des éléments fictifs que j’associe à de vrais lieux, à vous de doser comme bon vous semble.
Autre possibilité de recherche du lieu « inspirateur » : ne vous privez pas des possibilités d’internet et promenez-vous sur les cartes en ligne3, zoomez jusqu’à découvrir le nom qui vous plaira.
Enfin, pour ceux qui le souhaitent, ne vous privez pas de l’invention d’un lieu cent pour cent imaginaire.
Une fois en possession de l’adresse, de votre destination en quelque sorte, laissez-vous aller à l’écriture de votre texte, qui contiendra des images, une atmosphère, une poésie… Notez que cette adresse pourra tout à fait être le titre de votre texte. Au voyage dans l’espace, il est possible d’associer un déplacement temporel et de nous transporter dans le passé (ou dans le futur), auquel cas vous nous fournirez les indications nécessaires.
Sauf si vous le souhaitez, ne vous souciez pas de la narration, de la construction d’une histoire, laissez-vous dépayser par votre voyage en écriture : priorité aux images, aux sons, à l’atmosphère, à la description, à l’instantané, au reportage.
J’ai presque envie de vous conseiller d’accepter de vous perdre dans votre destination !
JFP