Destination : 354 , Sixties
Je vous propose pour cette destination un voyage dans le temps. Oui, ce n’est pas très courant, mais en littérature, cela se fait très bien.
Il est probable – mais discutable ? que l’âge d’or de notre culture occidentale se situe dans les années 60. Au sortir de la guerre, la génération précédente veut reconstruire, oublier l’horreur des combats et de la barbarie. Naîtra une flopée de baby boomers comme on les appelait, une génération dorée qui aujourd’hui commence à passer le flambeau. Rassurez-vous si vous n’avez pas connu cette époque – car né(e) après, ce qui est mon cas – les sixties vivent aussi en vous à travers la culture, des témoignages recueillis de contemporains.
Beaucoup de choses peuvent être écrites à partir de cette idée : « back to the sixties ».
Si je m’amuse avec les anglicismes, c’est parce que c’est à ce moment-là que la culture anglo-saxonne outre-atlantique est de plus en plus présente, un « american way of life » s’exporte de plus en plus depuis la fin de la guerre : films hollywoodiens, rock’n’roll, société de consommation. Quelque chose me dit que nous arrivons aujourd’hui peu à peu à la fin de ce paradigme, mais nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour l’affirmer, c’est juste une sensation.
Pour écrire votre texte : plongez-vous dans les années 60, écoutez la musique de cette époque, rappelez-vous des films d’alors.
L’idéal serait que votre écrit se déroule complètement dans les sixties, que ce soit un échange de lettres, un dialogue, une nouvelle, une chanson, un article de presse...
Je vais écrire quelque chose qui risque de faire bondir : les années 60 sont tout selon moi sauf une période littéraire intense dans notre pays. Avant, il y a les derniers très grands écrivains français, après, dans les années 70 puis 80 et 90 un certain renouveau point. Je crois que les années 60 étaient tellement intenses à vivre qu’écrire passait au second plan. Et puis il y avait de drôles d’idées sur la modernité qui conduisait à des expériences littéraires laissant perplexes… Ce sont les années 60 telles que je me les représente, sûrement pas telles qu’elles étaient. Écrivez vous aussi avec vos représentations, nous ne sommes pas ici en quête de vérité, mais d’authenticité. Ce qui compte n’est pas que votre vision soit juste du point de vue historique mais qu’elle soit cohérente et sincère selon votre propre point de vue. Ecrivez vos années 60. C’est la phrase-consigne à retenir. Ce que vous écrirez pourra mettre en scène des jeunes gens (des yéyés?) ou des anciens qui racontent comme c’était plus dur avant, ou de ces artistes déjantés et libérés comme on se les imagine.
Les années 60, c’est la beat generation (Kerouac, Ginsberg) mais aussi Bukowski, et chez nous, François Sagan se révèle (elle arrive même en avance avec le magnifique « Bonjour tristesse » 1954).
Je ne reviens pas sur la musique et le cinéma, il y a matière, mais ce sont aussi les premiers supermarchés, un tourisme de masse qui se développe, l’ère du pavillonnaire, l’essor des sports pour presque tous… une presse florissante.
Il y a tellement de matière que vous n’avez qu’à vous retourner pour piocher ce que vous voulez mettre en évidence.
Pour remettre un peu d’ordre dans mon enthousiasme bouillonnant de post-soixante-huitard attardé, je vous propose deux pistes distinctes :
- La première, je l’ai abondamment commentée : écrire un texte comme s’y on y était (dans les années 60).
- La seconde consistera à écrire un texte actuel (se passant de nos jours) mais citant, faisant appel à des références des sixties. Ces éléments seront : une chanson, un métier aujourd’hui disparu, un moyen de transport, un artiste, une marque, emblématiques de l’époque.
Pour la référence littéraire, je vais parler ici d’un auteur non encore cité sur Ailleurs. Il s’agit de Philippe Jaenada. Si vous avez l’occasion de l’entendre parler de son métier d’écrivain, profitez, c’est un pur bonheur. Il fait partie de ces écrivains que l’on adore entendre, et si je le suis depuis quelque temps, je suis prêt à sauter le pas : je vais le lire. Pourquoi pas son dernier roman ? En effet, il se situe en plein cœur des années 60. Il relate un horrible fait divers qui glaça la société française : le meurtre du jeune Luc Taron en juin 1964 dans des circonstances odieuses. Un suspect est arrêté puis condamné à perpétuité, Lucien Léger. Il passera 41 années derrière les barreaux… sans jamais cesser de clamer son innocence. Alors Philippe Jaenada part enquêter et nous livre le fruit de ses recherches… et je n’en sais pas plus !
Allez, on enfourche sa Vespa et ciao ! Viva la dolce vita !
JFP