Destination : 363 , Travailler encore...
C’est du passé que vient en quelque sorte cette destination. Un passé qui ne préparait pas un avenir de la sorte…
Tout d’abord, il y a eu une intervention d’Hanna Arendt (enregistrement des années 60), dans une émission philosophique, qui m’a dit que travail et consommation étaient liés : « les produits du travail sont amenés à être rapidement détruits par la consommation ». J’ai alors écouté d’une oreille attentive, la philosophe distinguant travail, œuvre et action, dans une triple dimension, une triple nécessité : l’humain travaille parce qu’il a besoin de mouvement et souscrit à l’idée de labeur pour vivre, l’humain conscient de sa mortalité souhaite laisser une trace, une œuvre témoignage de son passage, et enfin l’humain agit en tant qu’être sociable, tissant des liens, établissant des relations… De cette distinction découlent des « produits » différents : du bien de consommation à l’œuvre de l’artiste, en passant par le service monnayé. Pour plus de réflexions philosophiques, n’hésitez pas à consulter les liens en fin de destination.
Le second déclic pour l’adoption de cette destination fut la lecture d’un article sur le livre d’un anthropologue, James Suzman, « Travailler »1 (Flammarion, 2021). L’auteur fait remarquer que le grand économiste Keynes prévoyait l’avènement de la semaine de quinze heures de travail à l’horizon 2030. Or, c’est l’inverse qui se produit, le travail occupe une place centrale dans notre société, dans nos emplois du temps. Que s’est-il passé ? Le livre de Suzman propose une entrée anthropologique que j’affectionne : regarder ce qui se passait chez les chasseurs-cueilleurs notamment.
Cependant, il se peut que nous soyons à l’aube d’un nouveau changement : la pandémie aidant, le télétravail explosant, des vagues de « démissionnaires » aux Etats-Unis apparaissant, l’intelligence artificielle émergeant… Je suis bien incapable d’oser la moindre prédiction, mais les choses devraient bouger. Il n’y a pas de meilleur terreau pour la littérature qu’un pan entier de nos valeurs en train de se mouvoir !
Pour en finir avec cette première matière, j’évoquerai ici l’étymologie du mot travail : ce mot dérive selon nombre de spécialistes du mot « tripalium »2 soit « instrument de torture » antique et moyenâgeux. Ce mot (travail) a fini par tout contaminer : il désigne également l’accouchement, les études de l’écolier, les efforts du patient en psycho-thérapie, les tâches ménagères, certains exercices sportifs… Bref tout un tas d’actions plus ou moins contraintes.
Que de matière pour écrire !
Voici les itinéraires que je vous propose, sachant bien sûr que vous pouvez en dénicher bien d’autres, la thématique étant simple et vaste : le travail.
- 1er itinéraire : travailler au passé. (oui, cela m’amusait de présenter cela ainsi, on dirait une injonction de conjugaison). Il vous est proposé de raconter un fait, une histoire se déroulant il y a plus ou moins longtemps, avec pour thème le travail. Tellement de pistes sont possibles : artisanat, compagnonnage, travail manuel, relation maître-apprenti, amour de la matière et de l’outil…
- 2ème itinéraire : la saynète de bureau. A la manière des sketches humoristiques de la série « camera café »3 ou encore de « the office »4, mettez en scène une petite histoire de travail que je propose au bureau (mais qui peut se dérouler ailleurs). Les codes du théâtre sont à utiliser : tirades de personnages et didascalies.
- 3ème itinéraire : méta-travail. Il y a deux manières de voir cette piste. La première, celle à laquelle je pensais d’abord, consiste à s’intéresser au travail des mots, que ce soit du poète ou de l’écrivain, au travers d’une réflexion sur ce que cela signifie, ou à l’aide d’une histoire sur l’écriture (c’est-à-dire où il est question de la genèse d’un livre, du travail de poète…)
La seconde façon de considérer le « méta-travail » est d’écrire sur les gens qui s’occupent du travail des autres : psychologues du travail, directeur des ressources humaines, journalistes spécialisés… peut-être écrire une de leurs observations, un article, un entretien…
- 4ème itinéraire : utopies de labeurs. Là encore, plusieurs entrées : un monde sans travail, où ce sont les machines qui font tout ? Ou encore un monde béat au travail, ou bien des univers dystopiques où le travail est (re)devenu un esclavage… Sûrement d’autres utopies à défricher !
Allez, au boulot mes amis !
JFP
1 A écouter avec le titre de Bernard Lavilliers « les mains d’or » http://www.youtube.com/watch?v=C_FrCekiYSY possibilité de s’inspirer des paroles pour écrire un texte.
2 http://editions.flammarion.com/travailler/9782081474451
3 Certains linguistes / lexicologues contestent cette étymologie, mais proposent souvent des étymologies « négatives » http://blogs.mediapart.fr/flebas/blog/240316/l-arnaque-de-l-etymologie-du-mot-travail
4 http://fr.wikipedia.org/wiki/Cam%C3%A9ra_Caf%C3%A9_(s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e,_2001)
5 http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Office_(s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e,_2005)