Destination : 364 , Doubles, clones et narrations multiples
J’aurais tant aimé que cette destination soit plus claire, moins trouble…
Mais est-ce vraiment ce que tu souhaites ?
Au fil d’une journée de la semaine passée, j’avais entendu à la radio, probablement sur ma station préférée, l’interview d’un(e) auteur(e) qui parlait de l’astucieux procédé d’un double du narrateur. Impossible de retrouver l’auteur, l’émission, le titre…
Es-tu sûr que cette émission a eu lieu, qu’elle n’est pas le fruit de ton imagination torturée ?
Aussi, j’ai fait des recherches, et à la manière d’un arbre dont je suivrais les racines, c’était sans fin, et tout nouvel embranchement me menait plus profondément encore.
Étrange, en général on parle des branches, pas des racines, dans ces cas-là. N’est-ce pas ici une preuve de ta morbidité ou tout au moins d’un tempérament sombre ?
Pour simplifier, et vous proposer des itinéraires praticables, je vous propose trois directions, citées dans le titre.
Tu crois que tu vas réussir à être simple et concis, tu le crois réellement ?
1) Doubles : thème assez clair, il s’agit qu’un des personnages ait un double. La littérature fantastique regorge d’exemples célèbres, citons ici : Dr Jekyl et Mr Hyde (R.L. Stevenson), le portrait de Dorian Grey (O. Wilde), l’autre comme moi (J. Saramago), le double (Dostoïevski). Je crois qu’on peut aussi en trouver du côté de Maupassant et de Poe, respectivement dans Lui ? et William Wilson.
Connais-tu ton propre double, sais-tu ce qu’il fait et que tu ignores, à ton insu et en ton nom ?
2) Clone : à la différence du double qui n’est pas forcément la copie de l’original, le clone a pour caractéristique d’être l’identique copie du modèle. Il y a la possibilité que le clonage soit multiple, sans limite. C’est un sous-genre de littérature actuel, avec pas mal de titres, je ne sais quoi vous conseiller. Ce procédé peut être étendu à une population entière, un genre, pour imaginer / créer toute sorte de dystopie et de monstruosité…
Tu ne crois pas si bien dire, tu aurais également pu dire que les doubles peuvent se cloner, être invisibles, qu’ils sont comme la partie immergée de l’iceberg de ta petite personne.
3) Narrations multiples : c’est plus simple que l’appellation le laisse entendre. C’est Dickens dans « la maison d’Âpre-Vent », en 1853, qui inaugure le procédé de la double narration. En simplifiant grandement, il utilise la troisième personne pour parler de la société en général, du contexte ; et « je » pour illustrer avec la vie d’une personne en particulier. Cette double narration (en alternance) permet d’utiliser des temps différents, d’avoir des intentions différentes, mettre en relief des différences… Concrètement, il doit être possible dans un texte composé de plusieurs paragraphes distincts d’alterner les narrations (et les narrateurs, les pronoms, les temps, les points de vue...).
Cette piste se prête à l’expérimentation, pratiquez, essayez, nous serons vos cobayes !
Je te soupçonne de ne pas employer des mots comme « cobayes » sans arrières-pensées, sais-tu que je – ou plutôt nous – sommes capables de lire ces arrières-pensées et d’en user ?
Voilà mes amis, je crois qu’il est temps que je – nous – nous retirions pour vous laisser avec vos propres démons … ! – euh doubles !
JFP ou un autre.