Destination : 372 , Ô vieillesse amie !
Je ne sais pas comment vous le dire doucement. Il me tarde la vieillesse pour en goûter pleinement le bonheur. Je triche un petit peu pour en profiter dès aujourd’hui : je joue au vieux, je me targue auprès de jeunes de mon âge avancé, je feins la retraite pendant mes vacances…
Les psychologues sont formels, ils ont compilé un maximum de données, aux quatre coins du globe : le bonheur est une courbe en U*, avec deux points « hauts », un premier à l’âge de 23 ans et un deuxième à celui de 69 ans. C’est indépendant de la culture, du niveau social… Bref, profitons-en. Heureusement, ce sont des moyennes, ce qui nous laisse la possibilité d’avoir nos propres sommets du « U » ou peut-être même d’avoir le bonheur en « W » ?
Si le fond de ce que je vous raconte repose sur des bases sérieuses, je vous invite au rire et à l’ironie (qui ne peuvent que nous prolonger la vie!
Illustrons un peu nos propos en prenant un exemple, celui d’un écrivain qui avance joyeusement en âge : Philippe Delerm. Vous connaissez tous sa fameuse « première gorgée de bière » qui est presque devenu un style littéraire, l’instantané. Aujourd’hui, notre bon Philippe a 70 ans, il ne s’en cache pas, il aime la sagesse et le regard qu’il porte sur la vie. Il écrit « Je suis un anxieux heureux de vivre la plénitude de la vieillesse, un amoureux de la vie en relief. » Il a sorti l’an passé un recueil dans son plus pur style, imitable, « la vie en relief »**. Il y raconte de petits moments qu’il range de manière simple et chronologique : enfance, adolescence, âge mûr, vieillesse. Il dit : « Je suis à la fois enfant, adolescent, homme d’âge mûr, et vieux. C’est sans doute un peu idiot. Mais ça change tout. »
Je crois qu’il a raison et que ses propos sont très profonds, quelle que soit l’époque de notre vie nous ne nous définissons pas comme étant dans cette tranche (jeune, quadra, senior…) mais nous nous sentons un, cette personne unique qui se transforme doucement au fil du temps.
Je n’aborderai pas ici des thèmes insolubles et mouvants tels que « à quel âge est-on vieux » (c’est propre à chacun et cela évolue) ou encore « vieillesse et maladie » (qui ne sont pas systématiquement liés ).
Je vous propose tout naturellement d’écrire sur le thème de la vieillesse, en choisissant délibérément un angle joyeux, positif. Petite précision ici : nous ne refusons pas de considérer les sujets tels que la souffrance, la démence, la dépendance – non, ils peuvent bien sûr être abordés – c’est juste que le sujet de cet atelier est « le bonheur à un âge avancé ».
Pour la narration, plusieurs solutions s’offrent à vous : vous pouvez faire œuvre de fiction et d’anticipation en imaginant. Vous pouvez aussi faire appel à votre mémoire, une mémoire qui a gardé trace du bonheur auprès d’anciens, auxquels vous rendrez ici hommage.
Je ne sais pas pourquoi, mais il me semble que plus on vieillit, plus on a tendance à rire des petites choses, petits tracas, bobos qui se bousculent dans notre quotidien. J’imagine tout à fait le journal d’un papy grincheux qui ne manquerait pas de piquant et qui sous sa bougonnerie aurait un grand cœur avec mille petits bonheurs à vivre (et à nous raconter !).
Amusez-vous,
écrivez,
prenez votre temps,
le bonheur est là,
il arrive demain,
ou le jour d’après,
en attendant,
c’est plaisant d’Être,
- suspendu à l’instant.
JFP
* http://www.books.fr/pour-vivre-heureux-vivons-ages/ (début de l’article « pour vivre heureux, vivons âgés »)
** http://www.seuil.com/ouvrage/la-vie-en-relief-philippe-delerm/9782021342864 (« la vie en relief », Philippe Delerm, Ed. Seuil, 2021)
David Lodge s’amuse aussi dans plusieurs de ses romans à se moquer de sa vieillesse, mais il s’en dégage moins de bonheur, vieillir en Angleterre est-il moins agréable ?