Destination : 397 , Illusions & désillusions
Cette destination fut particulièrement difficile à advenir. Après deux tentatives infructueuses sur des pistes qui sont restées des impasses, j’espère que cette direction sera la bonne.
Le déclic est survenu ce matin en écoutant un épisode de la série radiophonique « un été avec Don Quichotte » sur France Inter. Je craignais le pire, m’étant terriblement ennuyé l’été précédent lors de la série « un été avec Jankélévitch » alors que je pensais le plus grand bien de l’immense philosophe. Je m’aperçois que quelque soit le sujet, le conteur est essentiel.
Bref, qu’y a-t-il chez Don Quichotte de nature à nous faire écrire ?
J’avoue avoir lu un livre abrégé de l’œuvre de Cervantès, je ne pense pas que cela soit un sacrilège. Ce livre singulier, ne ressemble à aucun autre et a inspiré le roman dit moderne, il est paru en 1605 ! Le seul livre qui me fasse penser à lui est « Ubu roi » d’Alfred Jarry, je ne sais pas si cela est pertinent.
Je ne décrirai pas ici l’histoire racontée par Cervantès, mais j’y prendrai deux éléments de nature à proposer ici des pistes d’écriture. Le premier élément est celui de l’illusion. Une des scènes les plus connues est celle où Don Quichotte, décidé à se battre comme un chevalier, s’en prend à des moulins à vent, se bat contre eux, persuadé (l’est-il vraiment?) que c’est une armée de chevaliers « déguisée » par quelque esprit malfaisant. S’ensuit une bataille haute en couleur où notre héros se retrouve désarçonné par les ailes d’un moulin, le tout sous les yeux d’un Sancho Panza plus que dubitatif. C’est là la première piste : écrire à propos d’un illusion, d’un mirage, d’une chimère. Pensez pour cela, comme Don Quichotte, à faire vivre l’illusion jusqu’au bout : même lorsque Sancho Panza dit à Don Quichotte qu’il s’est battu contre des moulins, ce dernier ne démord pas de son idée première, il a affronté courageusement une armée impressionnante de chevaliers qui l’a lâchement rossé.
Le deuxième aspect que je souhaite mettre ici en avant est la figure du héros « perdant ». Cervantès est probablement le premier à nous toucher avec un anti héros aux antipodes des héros mythologiques surpuissants. C’est ce que j’appellerais le charme de la désillusion. Une désillusion qui est aussi un peu le propre de l’homme, convaincu qu’il doit s’illusionner pour ne pas penser à la fin tragique qui l’attend inévitablement. Pour cela, Don Quichotte est magnifique : piètre combattant, chevalier auto-proclamé, défendant l’honneur d’hypothétiques dames qu’il s’invente aussi probablement. C’est là la deuxième piste, l’autre versant de l’illusion : écrire autour de la figure du perdant, du héros mal embarqué. Cela a beaucoup été repris, jusqu’aux personnages par exemple de Franquin (Gaston Lagaffe) ou encore ceux de Fab Caro, que ce soit dans ses BD ou dans ses romans. La « loose » est drôle, elle nous rapproche du héros, nous permet de nous identifier à travers une figure « qui galère aussi » comme nous.
Résumons : soit vous choisissez l’illusion, nous racontant un rêve, une chose d’improbable à laquelle un personnage se raccroche, soit vous choisissez la désillusion avec un héros malheureux, malchanceux et ses mésaventures. Vous pouvez enfin faire comme Cervantès et associer les deux !
Je vous souhaite que vos illusions deviennent réalité, que vous soyez plus perdant que gagnant et que vous vous amusiez avec cela !
JFP