Destination : 411 , Dédé chez des Ors durs


Cette destination a été inspirée par l’interview d’une écrivaine : « Gaëlle Obiégly ». Cette autrice a écrit un livre « sans valeur » où le point de départ est très original. Jugez par vous même : la narratrice raconte avoir été prise d’affection pour un petit tas d’ordures rencontré près de chez elle. Installé dans un cageot, elle le recueille, lui parle, l’interroge, le chérit. Son chat s’en mêle, le tripatouille.
Je ne sais pas ce que vaut le roman écrit, mais la démarche singulière me plaît. A propos du petit tas : il y a un livre de poche abîmé, le journal intime (1941-1943) d’Etty Hillesum, morte dans les camps de la mort, des photos ratées, un billet de bus Paris-Bruxelles, un ticket de PMU, plusieurs cahiers rageurs (« Je comprends bien que tu foutes ça aux ordures »).
Je pense que les déchets que nous laissons sur cette Terre, que nous abandonnons, disent beaucoup de nous, de notre humanité. Il y a quelque chose d’angoissant dans le déchet : il émane de nous, nous nous en débarrassons, mais il ne disparaît pas pour autant. Et que dire des déchets des autres ; si les nôtres sont supportables, ceux du voisin polluent, encombrent, salissent…
Et si ce que nous écrivons, la trace que nous laissons était elle aussi un déchet, notamment lorsque nous nous en séparons, par exemple quand nous envoyons un mail, quand nous mettons un texte à la poubelle ?
Je vous propose au cours de cette destination d’interroger cette notion de déchet, d’ordure, de détritus, de poubelle, de décharge… que des mots « intéressants ».
Vous pouvez faire comme l’autrice : partir d’un petit tas d’ordures, l’adopter et regarder ce qu’il vous propose, faire parler les trouvailles, raconter l’histoire de ces éléments abandonnés.
Autre proposition : qu’un déchet (faites une liste de tout ce que cela regroupe pour vous) soit l’élément central de votre texte, de votre histoire.
Proposition « méta-déchetterie » : que votre texte soit lui-même un petit tas d’ordure, c’est à dire un ensemble plus ou moins hétéroclite d’éléments textuels que vous voulez abandonner, cela peut-être des idées, des mots, des expressions, des tournures de phrases, des personnages…
Il y a encore mille et une possibilités de raconter à partir d’un petit tas d’ordures, je pense à l’archéologue qui va bénir le moment où il va tomber sur un tas de rebus antédiluvien ou encore l’histoire de ces poissons qui voient tomber de plus en plus de trucs bizarres au fond de leur océan et qui se demandent qui sont ces êtres qui font cela ?

Voilà, n’ayez crainte, il n’y aura rien à jeter,
on recycle tout, Ailleurs.

Ah, le recyclage, un autre thème dans le sujet !

JFP

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