Destination : 80 , Monstres !
Bonjour à toutes et tous, bienvenue aux nouveaux, Joyeux An et Bonne Noëlle à tous !
Non, le titre de la nouvelle destination n’est pas une insulte que je vous jette à l’écran, quoique certaines chamailleries…
Allez, prenez le « Monstres » comme lorsque l’on qualifie de « petits monstres » de joyeux garnements.
Tout cela ne vous dit pas où je vous mène cette quinzaine.
Ce n’est pas compliqué du tout : depuis tout jeune, depuis la nuit des temps, les monstres hantent l’imagination des Hommes. Il est probable que vous n’y ayez pas échappé (auquel cas, ce serait vous le monstre !).
Pour faire simple : il s’agira de faire place à un monstre ou à une monstruosité ou à une « chose monstrueuse » dans un texte de votre cru. Vous pourrez explorer plusieurs pistes : souvenirs d’enfance, texte fantastique, science-fiction, poésie (cf. réf. plus bas), conte pour enfants…
Le monstre ou le caractère monstrueux peut-être en premier plan ou être juste convoqué à un moment (in)opportun…
Votre monstre peut être une création originale ou pour être à la mode recyclé un monstre antédiluvien : Yéti ou autre « Big-foot ».
Allez, faites-vous peur !
Monstrueusement votre,
JFP
Ah oui, la référence culturelle :
Henri Michaux
MURNES ET ÉGLANBES
Les Murnes : prétentieux, goborets, gobasses, ocrabottes, renommés pour leur bêtise repue et parfaitement étanche, comme les Agres et les Cordobes pour leur jalousie, les Orbus Pour leur lenteur, les Ridieuses et les Ribobelles pour leur peu de vertu, les Arpèdres pour leur dureté, les Tacodions pour leur économie, les Églanbes pour leur talent musical.
Devant un Églanbe pris au hasard, vous pouvez siffler n'importe quel air, il vous le répétera très exactement, en ajoutant (croyant du reste sincèrement que toute musique est venue d'eux) que c'est une de leurs vieilles mélodies, quand même vous siffleriez un thème de « l'Or du Rhin ». Mais il le sifflera à contre-coeur, comme un air de basse époque, dont les Églanbes se sont détachés depuis longtemps.
Ailleurs (Gallimard, 1948).
Bonus :
Charles Dobzynski
PHÉNIX-VAMPIRE
Je suis le membraneux, le veuf ailé
qui fut phénix et devint un vampire.
Prince des tours j'erre en leurs éboulis,
écartelé je vole, étoile noire,
de ma mémoire immortelle aux tombeaux.
Mon goût du sang me rend aveugle au jour,
en arc-en-ciel mon goût du feu me change.
Tantôt je rêve aux orgies funéraires
voilé de deuil je me soûle de nuit,
tantôt plumage incandescent je brûle
mais la lumière est source de mon- corps.
Je suis ce double en soi qui se déchire :
j'aime la mort. Je m'accroche à leurs veines
pour aspirer tous les songes des hommes
et les revivre en mon miroir sans tain.
Mais moi j'aime la vie, et si mon ombre
qui disparaît laisse un cercle de cendres,
teinté de temps c'est pour renaître en lui.
Soudés, scindés de passions contraires –
pour l'un zombie et pour l'autre soleil.
Voilà, pour cette 80ème destination. Les textes références sont tirés du magazine Poésie 1 (le cherche midi) de décembre 2006 (n°48) « le poète et ses monstres » . Il est évident que je ne pouvais ne pas citer le texte d’Henri Michaux qui dès 1948 évoquait notre cher Ailleurs. Quant à savoir qui sont les Murnes, Ridieuses, Ribobelles, Tacodions… A vous de voir !
http://www.boutin-jl.net/Michaux/biographie.htm
http://www.maulpoix.net/Plume.html