Destination : 88 , ANNIVERSAIRE 4 RELAIS


Relais


Au départ, c’est un poème d’Aragon.

La consigne est simple : prenez un ver (pas un verre, faut être concentré, reposez-moi cette bouteille) — un ver— disais-je de ce poème et modifier autant que possible (gardez la rime s’il y en a une). Et c’est tout. Faites passer le relais. ATTENTION, il faut coller tout ce que je viens d’écrire aussi afin que vous ne soyez pas le dernier maillon ! (le maillon faible)

Je sais, vous vous dites « oh eh, ça va, on n’est pas complètement con, non plus ».
— Oui, vous peut-être, mais le suivant ?

Dernière chose, la plus dure : écrire un texte inspiré par le poème que vous venez de recevoir. Je ne sais pas ce que vous avez reçu, mais si vous êtes éloigné du poème de départ, dé….-vous, sinon, vous pouvez toujours implorer Aragon sur sa cyber-tombe. (tapez « Aragon » chez google)

Je sais, ce relais n’est pas écrit de manière très sympa, mais c’est ma contrainte à moi, chacun ses problèmes !


Le poème :
Soifs de l’Ouest

DANS ce bar dont la porte
sans cesse bat au vent
une affiche écarlate
vante un autre savon
Dansez dansez ma chère
nous avons des banjos
Oh
qui me donnera seulement à mâcher
les chewing-gums inutiles
qui parfument très doucement
l’haleine des filles des villes


Epices dans l’alcool mesuré par les pailles
et menthes sans raison barbouillant les liqueurs
il est des amours sans douceurs
dans les docks sans poissons où la barmaid
défaille
sous le fallacieux prétexte
que je n’ai pas rasé ma barbe
aux relents douteux d’un gin
que son odorat devine
d’un bar du Massachussets


Au trente-troisième étage
sous l’œil des fenêtres
arrête
Mon cœur est dans le ciel et manque de vertu
Mais les ascenseurs se suivent
et ne se ressemblent pas
Le groom nègre sourit tout bas
pour ne pas salir ses dents blanches
Ha si j’avais mon revolver
pour interrompre la musique
de la chanson polyphonique
des cent machines à écrire


Dans l’état de Michigan
justement quatre-vingt-trois jours
après la mort de quelqu’un
trois joyeux garçons de velours
dansèrent entre eux un quadrille
avec le défunt
comme font avec les filles
les gens de la vieille Europe
dans les quartiers mal famés
Heureusement que leurs lèvres
ignoraient les mots méchants
car tous les trois étaient vierges
comme on ne l’est pas longtemps

(in « feu de joie » 1920)
C’est un des tout premiers poèmes d’Aragon parus.



Courez, courez mes amis,
JFP

lire les textes de la destination