Destination : 334 , En Absurdie
Pour qui voter ?
Et le cochon de Sébastien fut élu maire !
Vous vous interrogez : Comment est-il possible qu’un cochon soit devenu le maire d’un village ? Les habitants sont-ils devenus fous ?
Un soupçonneux d’ajouter : « cela est-il bien légal ? »
Je répondrais à la dernière question en premier : Oui cela est parfaitement légal puisque le cochon a recueilli la majorité des suffrages. Nous sommes en démocratie n’est-ce-pas ?
Voyons à présent la première question : Les villageois sont-ils fous ?
La folie ? est-il plus fou de voter pour un cochon, bête simple, naturelle, pleine de bonhommie, de bon sens et d’intelligence, que pour un homme ambitieux, magouilleur, menteur, n’hésitant pas s’accoquiner avec des gens douteux, et à trouver le moyen de faire mettre en prison ses opposants ?
En votant pour le cochon de Sébastien, le village avait échappé de justesse à ce type de maire.
Sébastien Sépatrop connaissait bien son animal, il l’avait élevé au biberon. Sa mère, une truie sans scrupule, l’ayant rejeté.
Ce mignon porcelet d’un rose tendre l’avait ému. Il s’en occupait avec un soin paternel qui émerveillait les villageois. Au fil des années, il l’avait apprivoisé. « Une bête si sensible qui sait vous répondre franchement : un grognement pour oui deux grognements pour non. »
Il avait une belle écoute, le cochon. Si vos propos étaient tristes son regard se plissait tant, qu’on pensait qu’il allait se mettre à pleurer, mais s’ils étaient drôles et surtout teintés d’humour, alors des lumières pétillaient dans ses yeux.
Allez demander une telle empathie à un homme !
Le cochon de Sébastien savait repérer, même de loin, ceux qui avaient le cœur si pourri qu’ils devaient forcément dégager une odeur. Cette odeur-là incommodait le groin de l’animal sincère et droit. Il fallait le voir charger ces mauvaises gens pour les mordre. Le garde champêtre appréciait cette aide providentielle car il était incapable d’un tel discernement.
Quel remue-ménage cette élection d’un maire ! Personne pour se présenter contre le candidat parachuté de la capitale. Pourtant on connaissait bien ses intentions malveillantes qui pouvait mettre en danger la sérénité du village. Mais le fameux « On ne peut rien y changer » alourdissait les esprits.
C’est alors qu’à la fin d’un banquet organisé pour la fête de l’oignon, le garde-champêtre avait lancé d’une voix pleine d’assurance : « Et pourquoi qu’on voterait pas pour le cochon de Sébastien ? c’est le meilleur d’entre nous ! » Et tous les verres de se lever pour acclamer cette géniale proposition.
La candidature du cochon fut actée. On porta la bête en triomphe. Vous connaissez la suite de l’histoire.
Et si votre fidèle, sincère, chaleureux et raisonnable chien devenait le prochain maire de votre ville ? Cela serait-il vraiment si absurde ?