Destination : 28 , L'île d'Utopie
Mon paradis
Que m'arrive t'il ? Où suis-je ? J'ai soif, si soif…ma gorge me fait
mal !
Et ce soleil qui me brûle ! Que s'est-il passé ?
Ah oui je me souviens…. !
Nous faisions route vers les Caraïbes à bord du bateau de
croisière « La Sirène ». Tout se passait bien. La croisière avait
débuté cinq jours plus tôt. La mer était calme, le ciel clair, sans
un nuage à l'horizon, puis…au cours de la sixième nuit tout à basculé…
La mer a grossi, les nuages se sont amoncelés dans le ciel cachant la
lune…
Les sirènes du bateau se sont mises à sonner l'alerte, nous devions
rejoindre les canots de sauvetage.
Tout a été très vite. La panique nous a envahit. Les uns et les
autres nous courions vers les canots.
La dernière chose dont je me rappelle ; je montais à bord d'une de
ces petites embarcations. Nous étions serrés les uns près des
autres. Près de moi une femme priait….
Maintenant où suis-je ? Je me suis réveillée sur une plage, mon corps
envahit de douleurs. Autour de moi du sable, rien du sable. Je dus
m'asseoir un instant afin de reprendre mes esprits. Ma tête me
faisait mal…sans doute à cause du soleil…
Je ne voyais personne au alentour, pas même un canot de sauvetage.
Enfin je reprenais contrôle de mon corps. Il fallait que je trouve à
boire, ma gorge était sèche et j'en souffrais terriblement.
D'où j'étais, j'apercevais face à moi, des cocotiers, il y avait
d'autres arbres mais j'étais incapable de les identifier. Les arbres
exotiques n'ont jamais vraiment fait partie de mes passions. Sur ma
gauche, sur ma droite, le décor était le même, des arbres, du sable
et la mer à perte de vue.
Alors que je promenais mon regard alentour, il me sembla distinguer
quelque chose de différent.
Je décidais d'en avoir le cœur net. Peut être n'étais-je pas aussi
seule que semblait laisser croire mes premières impressions ?
Fausse joie ! Il ne s'agissait que d'un canot, vide. Il était arrivé
sur la plage, certes, mais il ne me serait d'aucun secours pour
partir d'ici.
Qu'allais-je faire ? Devrai-je survivre à la manière de Robinson
Crusoë ou de Tom Hanks ? C'était impossible ! Il devait bien y avoir
quelqu'un d'autre qui avait survécu à ce naufrage ? Nous étions au
moins une quinzaine de personnes sur ce canot !
Je devais savoir…et le meilleur moyen c'était de parcourir toute la
plage, et puis il me fallait trouver de l'eau, je n'en pouvais plus,
je mourrais de soif.
Nombreuses sont les personnes qui désirent un jour se retrouver
seules sur une île déserte…et bien j'aimerai bien les voir dans ma
peau à cet instant. Nus pieds sur du sable bouillant, les cheveux
collants, des grains de sable dans le moindre recoin du corps,
mourant de soif, le soleil brûlant la peau et les yeux. Ah oui !
J'aimerai savoir si après cela elles souhaiteraient encore y rester
sur leurs îles ?
Avant de partir à l'exploration de la plage, je décidais de me rendre
en direction des arbres. Là au moins j'éviterai, du moins je
l'espérai, un peu les morsures du soleil. L'endroit paraissait plus
frais !
Chaque pas étaient une torture pour mes jambes, mais qu'importe le
but a atteindre en valait la peine.
Je ne m'étais pas trompée, à l'ombre des arbres je retrouvai un peu
d'air et de bien être.
Je m'assis sous un arbre, je vérifiai auparavant s'il ne s'agissait
pas d'un cocotier…on ne sait jamais !
Je devais reprendre des forces, je ne savais combien de temps je
devrai marcher pour trouver, du moins je l'espérais un coin d'eau,
et, un ou des rescapés.
Perdue dans mes pensées, je songeai qu'après tout elles n'avaient
peut être pas tout à fait tort toutes ces personnes qui rêvent d'une
île déserte…
Tout n'était que calme, fraîcheur, verdure…et le chant des oiseaux.
Je me rendis compte soudain que je me sentais bien ici. Oui j'étais
bien ! Je pensais alors : « Si je trouve un coin d'eau, un endroit au
milieu de cette verdure où m'installer, j'apprendrai bien à survivre.
J'ai lu l'histoire de Robinson, j'ai vu le film de Tom Hanks…la
fiction viendra en aide à la réalité ! »
Je ne sais pas combien de kilomètres je dus marcher avant de trouver,
une petite cascade qui alimentait un point d'eau au cœur de ce que je
surnommais « ma forêt vierge ». Cette découverte fut pour moi un
instant de bonheur immense. Je bus encore et encore à en avoir le
ventre gonflé. L'eau était fraîche, elle semblait sortir tout droit
de la roche. A la sortie, elle formait une sorte de puits à ciel
ouvert. Je ne résistais pas à l'envie de m'y tremper les pieds.
C'était, on ne peut plus fabuleux !
Les pieds dans l'eau, je m'allongeais sur ce qui semblait être un
mélange de sable et de terre. Je finis par m'endormir.
Lorsque je me réveillais le soleil disparaissait à l'horizon. Avant
que la nuit n'envahisse totalement l'endroit je devais redescendre
sur la plage. A ma grande surprise, je fus rapidement à découvert.
L'île n'était peut être pas si grande que cela après tout !
J'avais repris des forces, la soif ne me tenaillait plus, pourtant je
me sentais encore un peu faible. Je me souvins alors que je n'avais
toujours rien mangé.
Il y avait bien des noix de coco partout sur la plage, mais comment
les ouvrir. J'avais aperçu des arbres avec des fruits qui m'étaient
totalement inconnus, qu'importe, je devais me mettre quelque chose
sous la dent. Alors que je recherchais les arbres pouvant me nourrir,
je faillis rentrer dans un bananier. J'étais sauvée, du moins pour ce
soir. Je mangeais donc des bananes, ainsi que d'autres fruits
délicieux, doucement sucrés.
Oui, tout compte fait, je ne serai peut être pas si mal ici. Avec un
peu d'organisation, je vivrai fort bien. J'avais de l'eau, des
fruits, la mer devait sûrement regorger de poissons, de crabes et
autres fruits de mer, alors que demander de plus.
J'avais trouvé mon île déserte, enfin plutôt elle m'avait recueilli.
Je supposais qu'elle était déserte, car je n'avais rencontré, ni
entendu personne.
Perdue dans mes pensées je finissais mon repas de fruits. Après tout
j'aurai bien le temps de songer à tout cela demain.
Je tombais de sommeil, je décidais de m'installer une couche dans la
forêt afin de ne pas souffrir du soleil à mon réveil demain matin. A
peine allongée je m'endormis aussitôt.
Je dormais profondément lorsque je me sentis secouer :
- « Réveille-toi. Oh ! Réveille-toi »
Une voix demandait :
- « Comment va t'elle ? »
- « Je ne saurai le dire. En apparence tout semble aller bien. »
- « Pourquoi elle ne se réveille pas alors ? »
Me réveiller, pourquoi voulait-on que je me réveille, le jour n'était
pas encore levé ?
- « Sa tension est normale, son cœur aussi… je ne comprends pas
ce qu'il se passe ? »
- « Nous allons brancher le monitoring et la laisser sous
surveillance »
- « Combien de temps va t'elle rester ainsi Docteur ? »
- «Personne ne peut le dire ! »
Je me rendormis, tranquillement, à l'abri sous mon arbre. J'avais
enfin trouvé mon paradis…