Destination : 135 , Mise en abîme


Destination 135 : Mise en abîme
C’est l’histoire de cette destination. Les jours filent comme des chevaux sauvages au travers des collines. Je viens de me coincer le dos bêtement, au lever, comme le signal que les ans finissent par me rattraper. Toujours pas d’idée pour la nouvelle destination. Je me dépêche de finir mon travail, corriger les dernières copies, faire le maximum de choses avant de partir. Dans quelques jours nous prendrons l’avion pour découvrir un nouveau pays. Et toujours ce dos bloqué. Devant mon écran je regarde mon site « ailleurs ». J’ai une idée de destination mais j’ai peur de l’avoir déjà eu et déjà proposée. Ce sentiment de déjà écrit, de déjà imaginé ne me quitte jamais. Les jours passent et chaque instant ressemble à une goutte de passé.
Eureka, la mise en abîme.
Impossible de retrouver à quel moment j’ai entendu parler de cela, une chose est sûre c’est que j’avais déjà eu cette idée, mais le fait de ne pas mettre la main sur son nom m’avait bloqué. Je ne sais d’où vient cette expression. Voyons en faisant une recherche. Pas d’origine claire, mais des définitions et des illustrations.
J’ai repris mes recherches, si, il y a une origine mais quelque peu confuse, je n’en parlerai pas. En revanche je découvre que l’orthographe « abîme » est plus rare qu’ « abyme ». Tant mieux, j’aime ce qui est rare. Je trouve que l’exemple du jeu de deux miroirs qui font que notre image se répète au maximum est un bon exemple de mise en abîme.
Ce soir j’ai toujours le dos en compote, je comprends mieux cette expression depuis que je la vis. Passer du temps à pianoter sur mon portable est une vraie torture. Vivement que je termine cette destination. J’ai parlé de la mise en abîme à ma compagne. C’est rare que je lui parle des sujets d’atelier. Elle n’a pas trop aimé, elle préférait le thème vivre 120 ans et plus avec la réflexion de Levi Strauss. En lui parlant, je me suis dit que toutes nos réflexions philosophiques étaient des mises en abîmes puisque c’est nous qui réfléchissons sur nous. A citer dans la destination.
Voyons, des exemples de mise en abîme littéraire : il y a « Trois jours chez ma mère » de Weyergans, je ne l’ai pas lu, mais citer un prix Goncourt récent, ça fait bien. En gros c’est toujours pareil avec les écrivains : c’est le roman d’un écrivain en train d’écrire ledit roman. Bof, pas si génial. Au cinéma c’est le même truc : l’histoire d’un acteur qui joue un acteur dans un film. A ne pas confondre avec le « making off » ou bien écrire des récits qui se juxtaposent ou s’enchâssent. Ce n’est pas très clair. Normal puisque la mise en abîme est censée donner cette sensation de vertige, d’ivresse qui me plait tant. Un peu comme le décontracturant que je viens d’avaler et qui fait tournoyer les objets autour de moi.
Voilà c’est l’histoire d’une destination mise en abîme, qui cherche à parler d’elle en étant elle-même.

JFP
http://ailleurs-atelier.com/affichedestination.php?numero=135

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