Destination : 252 , Zoom corporel


Une destination assez simple à appréhender : il sera question de se centrer dans un texte sur une partie du corps (humain?).
Il est possible d'aborder le sujet de plusieurs manières : catégoriser les gens en fonction d'une typologie corporelle particulière. J'ai par exemple une théorie plus ou moins intéressante mais certainement fumeuse qui me permet de classer les gens en fonction de leur orteils ! Vous ne pouvez pas vous imaginer, si vous n'avez pas examiné la chose, combien elle peut être féconde. Il existe plusieurs types d'implantation d'orteils… mais j'arrête là, ce n'est pas le sujet.
Un autre itinéraire peut tout simplement être de ce centrer sur une partie du corps d'un personnage : certains ont des mains qui nous racontent une histoire, d'autres un menton qui en dit long, des cheveux aux reflets qui méritent tout un texte…
Si on fait le tour de toutes les parties du corps susceptibles de convoquer nos mots, nous nous apercevons qu'il y a beaucoup de matière : les mains, les yeux, les fronts, les nez (rappelez-vous la tirade des nez dans Cyrano de Bergerac), les torses, les épaules, les genoux, la pilosité, la bouche, les dents, etc.
Pour celles et ceux qui voudraient aller plus loin que la consigne, il est aussi possible d'aller voir chez nos amis les bêtes et pourquoi pas de nous parler des becs, crinières, sabots, queues de chats, plumages de poules… l'idée est de « zoomer » sur une partie de corps.

En référence littéraire, je vous propose « le blason » qui était un type de texte à la mode au XVIème siècle. De type poétique, son originalité résidait dans sa thématique, puisque le poète s'attachait à prendre pour sujet une partie du corps féminin qu'il louait dans des vers octosyllabiques ou décasyllabiques rimés au nombre d'une trentaine environ. Ce genre « moderne » est semble-t-il apparu à la suite d'un poème (épigramme) de Clément Marot, « le beau Tétin » :

Clément Marot

Blason du beau Tétin

Tétin refait, plus blanc qu'un œuf,
Tétin de satin blanc tout neuf,
Tétin qui fait honte à la rose,
Tétin plus beau que nulle chose ;
Tétin dur, non pas Tétin, voire,
Mais petite boule d'Ivoire,
Au milieu duquel est assise
Une fraise ou une cerise,
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Mais je gage qu'il est ainsi.
Tétin donc au petit bout rouge
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller.
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui porte témoignage
Du demeurant du personnage.
Quand on te voit il vient à maint
Une envie dedans les mains
De te tâter, de te tenir ;
Mais il se faut bien contenir
D'en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendrait une autre envie.
Ô tétin ni grand ni petit,
Tétin meur, tétin d'appétit,
Tétin qui nuit et jour criez
Mariez moi tôt, mariez !
Tétin qui s'enfles, et repousses
Ton gorgias de deux bons pouces,
A bon droit heureux on dira
Celui qui de lait t'emplira,
Faisant d'un tétin de pucelle
Tétin de femme entière et belle.
Vous pouvez vous inspirer de ce genre en l'étendant bien sûr aux hommes et sans obligation d'entrer dans l'érotisme originel du blason ?

Baudelaire, Apollinaire ou encore Breton ont produit leurs blasons…
http://poesiedanger.blogspot.fr/2007/04/blasons.html (exemple)

Les blasons : http://fr.wikipedia.org/wiki/Blason_(litt%C3%A9rature)

Notez enfin que suite aux blasons ont été écrits des « contre blasons » toujours avec la même thématique et la même forme, mais dans un sens plus critique !

Bon doigt, bon œil,
bonne écriture !

JFP

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