Destination : 257 , Et les femmes, bordel !


Je vous avoue que j'étais au comble du désespoir pour écrire cette destination, après des jours et des heures sans trouver la moindre idée, ou des idées peu convaincantes. Vous avez échappé à un dialogue entre votre moitié et vous, inspiré par le livre à paraître de Marie Darrieussecq, une destination sur l'art sociologique (Hervé Fisher), des défis d'écriture estivaux (banalement creux) et d'autres méandres de pistes dont je ne me rappelle plus que leur infécondité. Je me suis alors rabattu sur mes derniers magazines littéraires, les écumants en vain, faisant des allers-retours vers le web, comme guidé par un phare lointain me donnant la direction par intermittence.
Ballotté en tous sens, j'ai fini par tomber sur une chronique d'Olivia de Lamberterie (Revue America) intitulée : les femmes et les enfants d'abord. Cette chronique débute ainsi : « La misogynie aime sortir masquée sous différents atours – paternalisme, biologie, traditions – que sais-je ? En la matière certains hommes ne manquent guère d'imagination. ... ». Voilà un bon sujet d'écriture, me suis-je dit, puisque la misogynie est quelque chose qui me révolte depuis toujours (sûrement vous aussi). Oui, votre serviteur est un féministe dans l'âme et dans la vie depuis bien longtemps.
C'est bien beau et bien gentil tous ces bons sentiments, mais où cela nous mène-t-il en écriture ?
L'idée est assez simple mais peut-être pas si facile que cela à réaliser.
Une première piste me paraît être d'écrire une histoire qui raconte un fait misogyne, cela ne doit pas être trop difficile, on en a tous vu ou vécu. On n'hésitera pas à convoquer de l'humour, à faire preuve de décalage ou d'originalité pour débusquer le machisme là où ne le voit pas a priori. Par exemple, il me vient en tête quelques cas où des femmes se sont elles-mêmes montrées misogynes.
Une deuxième piste est d'écrire un plaidoyer pour la femme, les femmes, un texte qui peut se rapprocher du manifeste, de l'éloge. Attention, écrire cela pour un homme peut aussi se révéler misogyne s'il évoque des clichés, lieux communs, et fait de la femme son objet d'admiration et de désir.
Une troisième piste pourrait être d'écrire – à travers une nouvelle par exemple – ce que peut être pour l'auteur(e) que vous êtes la Femme d'aujourd'hui. Dans la même veine, on peut écrire un texte sociétal s'interrogeant sur la place de la femme, les combats pour l'égalité.
Une autre piste amusante est de montrer les limites du féminisme qui peut parfois être une forme d'intégrisme ou confiner au ridicule, à vous de voir.
Toujours dans les « contre-destinations » la possibilité d'écrire un texte sur la misandrie, terme qui correspond à l'exact opposé de la misogynie puisqu'il désigne l'abhorration de ce que représente l'homme. Travaillant dans un milieu quasi-exclusivement féminin, j'ai croisé quelques rares speci-women misandres ; elles m'ont permis de comprendre un petit peu ce que doivent ressentir les femmes face à la misogynie. Notez que je n'ai pas pris la peine de définir le terme misogyne en début de destination, tant son sens me semble connu de tous.
Le milieu littéraire et notamment le microcosme littéraire français a me semble-t-il longtemps fait preuve de misogynie, ne considérant pas à leur juste valeur les écrivain de sexe féminin. Aujourd'hui, je crois que les choses s'équilibrent, j'ai l'impression qu'il paraît autant de livres d'auteures que d'auteurs.
Je ne sais plus qui avait dit « le jour où il y aura égalité entre les hommes, ce jour-là une femme incompétente pourra être nommée à un poste important ».
En littérature, l'équivalent doit être de publier avec force publicité un navet écrit par une femme. On y est presque !
Je voudrais à travers cette destination rendre hommage à deux femmes : la première, Simone Weil, qui nous a quitté il y a peu et qui mena la vie exemplaire que l'on connaît ; la seconde, Elisabeth Badinter, toujours de ce monde, féministe de la première heure porte également un regard critique sur le féminisme et mène des combats courageux qui lui paraissent justes. Elle a parfois le propos féroce, j'aime l'humour provocateur dont elle fait preuve : « si les hommes lisent moins, c'est probablement qu'ils sont moins intelligents » !

Pour celles ou ceux qui n’adhéreraient pas à cette destination, qu'ils tentent d'écrire sur les embryons de destinations évoqués en début de proposition. Oui, j'aime que ces destinations soient recyclable au maximum.

Femmes, donnez-nous à lire,
Femmes, écrivez donc !
Femmes, soyez fières d'être femmes !

JFP

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