Destination : 27 , L'incipit d'Antoine B.


Incipit n., m. : Du latin; ((en français)) il commence.

Définition :
Premiers mots d'un manuscrit ou d'un livre imprimé ancien, ou d'une de ses divisions

D’après :

http://www.granddictionnaire.com/btml/fra/r_motclef/index1024_1.asp




Pour « l’humeur vagabonde », (livre que je n’ai pas lu), Antoine Blondin prétend que tout son roman serait né de l’enchaînement des premières phrases « d’une banalité sidérante »*. En voici la première : « Après la seconde guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler. »



L’auteur, explique :

« Telle quelle, elle précise pourtant mes horizons : je sais que l’histoire ne se passera pas sous la Révolution ou sous les croisades. Je continue sur ma lancée ferroviaire : « On rétablit le tortillard qui reliait la préfecture de mon village natal ». Ainsi le narrateur sera-t-il un campagnard. Mais je n’ai aucune expérience rurale, fuyons : « j’en profitai pour abandonner ma femme et mes enfants qui ne parlaient pas encore. » Ce campagnard est un père de famille vraisemblablement jeune et instable. […]

En cinq phrases, le récit était lancé. Il ne restait plus qu’à le mener jusqu’à la dernière : « Un jour, nous prendrons des trains qui partent. »



Et vous, n’êtes-vous pas de la sorte (en toute modestie) : de ceux qui écrivent quelques mots, une première phrase laborieuse où les mots sonnent enfin justes et qui va les mener malgré eux, là où ils ne pensaient pas, la où ils n’avaient pas la moindre intention d’aller ?



Je vous propose cette quinzaine de tenter l’expérience : essayez de partir de cette même première phrase (« Après la seconde guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler ») pour arriver à la dernière (« Un jour, nous prendrons des trains qui partent. ») Dernière phrase, qu’au passage, je vous avoue trouver magnifique.



Bien sûr, pour ceux que cela terrorise, je propose une destination voisine :

vous fixez un repère temporel (« Après l’élimination de l’équipe de France à l’Euro 2004… ») suivi d’une évidence (pour vous) (« … j’éteignis définitivement mon téléviseur. ») Pour conclure votre texte d’une phrase « définitive » : Un jour, nous reverrons des français gagner. »



Voilà, à vos claviers !



* Destination largement inspirée de l’article de Lire (juin) :

http://www.lire.fr/extrait.asp/idC=46923/idR=202/idG=8



Toujours dans Lire, sur Blondin :

http://www.lire.fr/portrait.asp/idC=37108&idTC=5&idR=201&idG=



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