Destination : 291 , Déo et des bas


Destination 291 : Déo et des bas

Chers amis d’ailleurs, je vous propose que nous débattions. Laissez-moi vous présenter les protagonistes de ce débat :
- Karine, participante depuis quelques mois à l’atelier,
- Pierre, usager régulier de l’atelier de longue date, et plume aiguisée,
- Sylvia, toute nouvelle, découvrant le bonheur d’écrire en atelier,
- JFP, dictateur éclairé d’Ailleurs, maniaco-murakamiste.

Karine : C’est quoi le thème de l’atelier pour cette destination ?
JFP : Le débat, il s’agit de débattre, de tout et surtout de quelque chose en particulier.
Pierre (ronchon): Mais on nous rebat carrément les oreilles en ce moment en France, avec un grand débat national, moi je viens sur l’atelier pour me dépayser !
JFP : Exact Pierre, aussi ce n’est pas nécessaire, voire inutile de déballer ici ses doléances et propositions concernant la politique économique, la fiscalité, etc.
Sylvia : Mais si on a envie d’exprimer quelque chose qui nous pèse, au niveau des inégalités sociales par exemple ?
JFP : C’est possible, tout en respectant la sensibilité des autres, et en présentant le texte sous forme de débat, c’est à dire avec plusieurs points de vue, d’avis.
Pierre : Moi je suis pour les débats loufoques, les trucs un peu fous…
JFP : Tu penses à quoi, Pierre, par exemple ?
Pierre : Je ne sais pas moi, par exemple : les chiens sont-ils meilleurs que les chats, pour ou contre les réseaux sociaux, prendre la retraite avant la vie active, la fin de l’eau en bouteilles plastiques...
JFP : C’est ça, Pierre, tu es dans l’idée de la destination.
Sylvia : On est obligé d’écrire le texte sous la forme d’une suite de dialogue, ou avec didascalies comme au théâtre ?
JFP : Non, on n’est obligé de rien. Le principal dans votre texte est qu’il soit question d’un débat. C’est vrai que dans un dialogue de type théâtre, on peut rendre compte « directement » du débat qui a lieu. Mais la forme poétique n’est pas à exclure, ni même la nouvelle qui raconterait par exemple la vilaine tournure qu’aurait pris un débat familial du dimanche.
Karine : Mais au fond, qu’est-ce que ça veut dire, débat ?
JFP : Le mot vient du verbe battre, avec le préfixe dé-. Au XIIIème siècle, il faisait référence à quelque chose de l’ordre de la querelle, puis le terme s’est aussi déplacé sur le terrain des idées, notamment d’ordres parlementaires (au XVIème siècle et plus tard, en Angleterre « debater »). Aujourd’hui, il fait référence à l’action de discuter entre plusieurs personnes exposant des arguments contradictoires.
Sylvia: JFP, quelle culture !
Pierre : Oui, mais merci google et wikipédia !
JFP : Et merci Pierre, oui !
Karine : C’est pas mal tout ça, et sur le terrain de la culture et des références littéraires ?
JFP : Je vous propose Diderot, avec son « Supplément au voyage de Bougainville ».
Karine (en aparté et en chuchotant) : Bonjour la modernité !
JFP : Comme son nom l’indique, cet écrit se veut un prolongement au Voyage (autour du monde) de Louis Antoine de Bougainville, paru en 1771. Ce navigateur de la marine royale française entreprit entre 1766 et 1769 un voyage autour du monde et fut ainsi, à l’époque de Louis XV, le premier français à officiellement réaliser cela. Bien que mathématicien, il en rédigea un récit demeuré célèbre et intéressant à lire…
Karine : Super intéressant, JF, mais où est le débat là-dedans ?
JFP : J’y viens. Diderot se sert du voyage de Bougainville pour écrire un conte philosophique où deux protagonistes fictifs A et B s’entretiennent du voyage de Bougainville, de ce qu’il a appris d’autres sociétés et cultures. Ainsi, B qui a lu le livre de Bougainville, s’entretient avec A qui ne l’a pas lu. Ce qui est malin chez Diderot, c’est qu’il se sert de ce débat fictif pour critiquer les mœurs et la société occidentales de l’époque. Il les oppose aux lois naturelles des « Otaïtiens », peuple à la « vie sauvage » dont il fait l’éloge.
Sylvia : ça a l’air, chouette, c’est facile à lire ?
JFP : A vrai dire je ne l’ai pas lu, mais je suis tenté par la lecture du voyage de Bougainville, que l’on peut trouver en version originale et intégrale, sur le site de la BNF et dont je donne plus bas le lien.
Pierre : C’est tout JFP ça, il ne peut s’empêcher de nous rappeler que nous sommes ses personnages, faits de caractères sur un écran ! Un jour, on se vengera !
Karine : Et le bougainvillier, je suis sûr qu’il vient de Bougainville !
JFP : Oui, Karine, il en a rapporté un plant de son voyage et on lui a donné son nom en hommage. Tiens, je t’en offre une fleur :
Sylvia : Quel gentleman !
Pierre : Bof, en plus, cela n’a pas d’odeur, je ne vois pas le lien avec le titre « Déo et des bas ».
JFP : Mais c’est pour que cela fasse débat, Pierre !


http://www.wiki-brest.net/index.php/Voyage_autour_du_monde_de_Bougainville sur le voyage de Bougainville.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8602974k/f9 le lien vers l’exemplaire original d’époque à la BnF.
http://gallica.bnf.fr/essentiels/diderot/supplement-voyage-bougainville

PS : toute ressemblance avec des personnes fréquentant ou ayant fréquenté cet atelier est purement fortuite !

lire les textes de la destination