Destination : 316 , Mauvaise destination


Parfois, on ne prend pas la bonne direction. Heureusement, en écriture, cela peut être intéressant. Cela peut même être gage d’originalité. Éclaircissons rapidement le propos : la plupart des histoires, des contes, des nouvelles se finissent bien, parce que c’est dans notre nature de le souhaiter ainsi, que l’on soit écrivain ou lecteur.
A contrario, je connais fort peu de contes qui se finissent mal.
J’ai une tendresse particulière pour « la chêvre de M. Seguin » que je relis souvent avec plaisir et qui ne me lasse pas dans son dénouement tragique. Aujourd’hui, il est de bon ton de faire des films ou des livres tragiques, dramatiques, noirs, voire barbares, mais ce n’est pas ce qui vous est proposé ici.
Cette destination a été inspirée par le « Books » de ce mois-ci qui propose un dossier complet sur l’enfer, son histoire, sa place dans notre société, notre imaginaire.

Je m’aperçois que je n’ai pas tant que cela éclairci les choses, serait-ce parce que cette destination est sombre ?
Je recommence donc, après ce préambule brumeux.

L’idée dans cette destination est de se tourner vers le mal, le négatif, le drame. Cela ne voudra pas pour autant dire que ce que vous écrirez sera triste, inquiétant ou pessimiste, cela peut même être le contraire.
Donc, comment mal faire ? Pas mal de chemin s’offrent à vous dans cette direction.

Sur le plan des personnages, il pourra être question d’un héros (anti-héros ?) particulièrement mauvais au sens commun du terme. En tant que narrateur, vous pourrez le traiter comme bon vous semble : de manière amusée, distanciée, complice, moralisatrice, accusatrice, réprobatrice, amicale…

Du côté du fond, vous avez la possibilité de raconter une mésaventure, un drame, un crime, un vol, bref, tout ce que la morale réprouve. (Attention cependant à la manière de traiter les choses, afin de ne pas vous retrouver en train de glorifier une pratique immorale.) Pensez à vous abstenir d’une fin heureuse, c’est un réflexe pas si facile que cela à gommer.

Du côté de la forme, vous pourriez vous amuser, mais je ne sais pas ce que cela donne, à écrire une mauvaise histoire : des personnages caricaturaux, un coupable annoncé dès le début, des contradictions évidentes… bref, tous les ingrédients d’une mauvaise histoire, mais à écrire de brillante manière pour que la mauvaise histoire soit plaisante à lire. Spécial challenge pour Myriam !
Toujours du côté formel, votre texte peut être un réquisitoire, un témoignage, un article de presse, un poème (pensez aux « Fleurs du mal »)…

Pour les thèmes complémentaires que je peux vous proposer, je vois bien sûr tout ce qui a trait à l’enfer (proposez-nous votre version). Je pense aussi au mal dans les sociétés primitives, à la question du mal chez les animaux (existe-t-il ?), au mal dans toute une société (écologie ?), au mal involontaire. Il y a sûrement d’autres mauvaises choses à explorer, je vous laisse les éclairer.

Pour une fois, la mauvaise direction sera la bonne, laissez tomber boussoles et GPS, écrivez !

JFP

http://www.books.fr/enfer-damnes-hier-aujourdhui/ (le dossier de books)
http://multimedia-ext.bnf.fr/pdf/Bastille1.pdf (sur la Bnf : la Bastille, enfer des vivants)
http://multimedia-ext.bnf.fr/pdf/Bastille2.pdf (la suite : la Bastille, enfer des écrivains…)
http://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_de_mon_moulin/La_ch%C3%A8vre_de_monsieur_Seguin (la chèvre de M. Seguin, le texte) Possibilité d’en écrire une version moderne ?
http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Fleurs_du_mal/1868 (Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire, édition de 1868 )

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