Destination : 317 , Mensonges


J’aurais un peu envie de dire que tout est dans le titre, mais ce serait aller un peu vite en besogne et ce serait aussi mentir. Si la destination 181 « quatre mensonges et une vérité » vous conviait à jouer avec cette notion, cette fois-ci, un travail plus central et plus en profondeur vous est demandé.

Définir le mensonge ne paraît pas chose difficile, quoique. Ce que nos amis québécois appellent menterie est l’énoncé délibéré de faits contraires à la vérité, voire la dissimulation de la vérité (sorte d’euphémisme du mensonge).

Je crois que le mensonge est un des propres de l’homme, qui imagine un animal ou une machine, délibérément mentir ?

Cette destination est née de la recension d’une critique d’un livre américain, parue dans le books de ce mois-ci : « The queen : The forgotten life behind an american myth, Josh Levin , Little, Brown and company, 2019 (La reine. La vie oubliée d’un mythe américain). Ce livre conte l’histoire « vraie » d’une légendaire américaine, celle que Reagan appelait la « reine des allocs ». Retraçant son histoire, l’auteur dresse le portrait d’une femme mythomane, multipliant vols, escroqueries, trafics et peut-être même homicides. À son arrestation, en 1974, les enquêteurs se sont focalisés sur ses fraudes aux allocations, avant qu’elle ne devienne le symbole d’une minorité de couleur profiteuse de la générosité de l’État américain. Ce qui m’a le plus frappé, dans le résumé de ce livre, c’est que ce qui est retenu comme étant le plus grave chez cette femme, ce sont ses mensonges, dans une culture puritaine qui place ce péché au-dessus de tous les autres. Souvenons-nous du procès qui fut fait au président Clinton, dont le principal grief retenu fut celui d’avoir menti sous serment.
Tout petit, je me souviens que j’avais le mensonge en horreur, pas que j’ai développé des qualités morales au-dessus de la normale, mais c’était quelque chose que je trouvais particulièrement désagréable, comme une sorte de barrière que je n’arrivais pas à enjamber. Alors que j’admirais presque mes camarades qui en usaient abondamment, quelque chose en moi rendait cela insupportable. Je crois, sûrement à tort, ne pas avoir consciemment menti avant un âge comme 6 ou 7 ans et je me rappelle très bien cette période où je réalisais avec horreur que parfois c’était quelque chose d’inévitable. Avec le recul, je crois qu’enfant, j’aurais dû mentir plus facilement, sans que je puisse complètement élucider cette assertion, comme si, l’expérience du mensonge (bien sûr anodin) est à expérimenter dans l’enfance.
Grâce à l’écriture, nous pouvons nous rattraper et pratiquer avec délice l’art de la fiction qui peut se rapprocher de celui du mensonge, car écrire de la fiction c’est aussi énoncer des faits que l’on sait être en contradiction avec la vérité. Mais ce n’est pas mentir, parce que dans nos écrits nous inventons une autre réalité dans laquelle il se peut que nous ne mentions pas. Écrire une simple fiction ne suffira donc pas pour proposer un texte sur la destination. Non, ce dernier devra évoquer un mensonge, qui pourra être le nœud de l’histoire, un personnage pouvant être un menteur. Le mensonge peut aussi être le produit d’un groupe, de toute une organisation, voire d’une société face à un ou des individus.
Il y a les petits et les gros mensonges, ceux qui cachent une vérité pénible, ceux qui produisent un canular, ceux qui font rire, ceux qui sont odieux, ceux qui visent à se grandir, ceux qui sont dits avec panache, les honteux, les mesquins, les ridicules, les absurdes, les involontaires, les inavouables, les incompréhensibles, les inexplicables, les oubliés, les historiques, les insignifiants, les obscènes, les surprenants, les pétillants, les haineux, les joyeux, les faciles, les prétentieux, les incommensurables, les coûteux, les frivoles, les tentants, les gourmands, etc. !
Qui relèvera le défi d’écrire une tirade d’un mensonge, inspiré de la tirade du nez de Cyrano, à partir de l’énumération précédente ?

Bref, beaucoup de matière pour écrire, laissez-vous donc poussez ce nez !

Bien sûr, nous prendrons comme référence littéraire le conte de Carlo Collodi, « Pinocchio » sur lequel vous pourrez vous documenter en utilisant un des liens plus bas.

Écrivez bien, écrivez vrai, cela nous fera plaisir, et cela, ce n’est pas un mensonge !

http://libretheatre.fr/tirade-nez-cyrano-de-bergerac/ la tirade du nez (Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand )

http://www.nytimes.com/2019/05/20/books/review/josh-levin-queen-linda-taylor.html sur le livre cité, désolé, je n’ai pas trouvé d’article en français.

http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2016/03/30/syndrome-pinocchio-autres-troubles article qui parle de psychologie, de mensonge et de politiques

http://www.erudit.org/fr/revues/pv/2014-v13-n1-pv02074/1033114ar/ un article scientifique sur la détection du mensonge

http://touslescontes.com/biblio/conte.php?iDconte=352 Le conte de Pinocchio, de Collodi

http://www.actualitte.com/article/monde-edition/car-en-realite-pantin-menteur-pinocchio-est-mort-pendu/98074 la véritable histoire de Pinocchio !

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