Destination : 362 , Tiré par la corde


La production, la diffusion de séries, mini-séries, et autres, bat son plein. Je ne vais pas à proprement parler vous proposer une destination sur ce terrain. C’est juste le point de départ, l’élément inspirateur initial. Souhaitant diversifier ma découverte sérielle (qui est je le concède pauvre et exigeante) je suis tombé par hasard sur une mini-série de la chaîne franco-allemande Arte. Je vous avoue que je n’ai pas complètement compris le concept de mini-série : parfois ce sont de courts épisodes, parfois c’est la série qui est courte : quelques épisodes seulement. Dans tous les cas, cette appellation semble exister pour rassurer le serial-spectateur : il ne s’embarque pour une série fleuve pour laquelle il perdra sommeil, travail, femmes et enfants…
Revenons sur Arte. Cette mini-série de trois épisodes s’appelle « la corde » et je crois pouvoir dire qu’à une autre époque on appelait cela un téléfilm en trois parties. Aujourd’hui, pour dé-ringardiser le truc, on découpe le produit différemment, on le ré-emballe et cela devient une mini-série. Ils ont raison parce que les téléfilms (déjà que c’était mauvais), alors en plusieurs parties…
« La corde » débute sur de belles images de Norvège, dans une forêt qui nous paraît être au début de l’automne. Au milieu de cette nature sauvage se trouve un observatoire avec d’immenses radio-télescopes et des bâtiments d’une équipe de chercheurs qui vivent là loin de tout. Un matin, quelques membres découvrent une corde qui part dans la forêt. Ils décident de suivre la corde pour voir où elle mène. Ils rebroussent chemin parce qu’elle va trop loin. La communauté est ébranlée : comment une corde d’une telle longueur peut-elle avoir atterrie là, pour quelle raison… Une expédition se monte…
La mini-série est prenante, on est charmé par l’exotisme des lieux, la recherche scientifique qui étudie le phénomène cosmique des « répéteurs », le jeu des acteurs dont certains ne sont pas des inconnus : Jean-Marc Barr ou Jeanne Balibar.
Je ne vous cache pas que j’attendais au cours du troisième épisode le dénouement du mystère, son éclaircissement. J’ai sincèrement été déçu, comme quoi il ne suffit pas d’avoir les bons ingrédients, d’instaurer un mystère intéressant, encore faut-il avoir écrit une fin, résolu quelque peu la quête initiale. La structure de cette histoire ressemble à celle du conte (schéma actanciel) : une situation initiale (équilibre) suivi d’un élément perturbateur (ici la corde), une quête avec des héros, puis au final après diverses péripéties, le retour à une situation d’équilibre (finale) après résolution de la quête. Un défaut important de structure / narration ne peut être compensé par une belle idée, un jeu d’acteurs, l’histoire ne fonctionne pas, et c’est bien dommage. Mais vous allez en faire quelque chose !
Voici les itinéraires un peu tirés par la corde que cette mini-série m’a inspiré :

- 1er itinéraire : donnez-nous une histoire de corde, cet objet sera dans votre histoire un élément important. La corde peut-être symbolique en reliant deux êtres, il peut aussi être question de la théorie physique dite « théorie des cordes ». Réfléchissez-y, la corde est un objet fécond, qui existe depuis la nuit des temps, présent dans les fermes, les bateaux, les jardins, sur les ponts, les habits, les usines, les ateliers, les cadeaux…
- 2ème itinéraire : avec les éléments donnés en introduction (ils sont suffisamment nombreux) ré-écrivez un synopsis de la mini-série « la corde ». Vous avez la possibilité d’aller sur le site d’Arte prendre des informations supplémentaires, voire même de regarder cette mini-série pour en ré-inventer la fin.
- 3ème itinéraire : comme souvent, un itinéraire qui part un peu plus au large. Larguez en quelque sorte les amarres ! Cela reste simple : prenez la même structure de conte que celle décrite plus haut, trouvez juste un autre élément perturbateur que la corde. Je vous propose comme contrainte de chercher à utiliser pour cela un objet, qui quelque part, n’a rien à faire là, est incongru, dont les dimensions sont exagérées, dont les caractéristiques excèdent la mesure ordinaire. Oui, c’est l’extra-ordinarité de l’objet qui sera l’élément perturbateur, qui entraînera le(s) héros dans une quête que vous narrerez. Prenons rapidement deux exemples pour illustrer cette piste.

Les montres folles
Des amis campent l’été sur une côte sauvage de l’Atlantique. Au matin, ils découvrent que leurs montres, à aiguilles, se comportent comme des boussoles, ils ont beau les régler à nouveau, elles se remettent à pointer dans la même direction. Ils décident de suivre leurs montres « boussoles » …

Les lunettes de la vérité
Stéphane, la quarantaine, commence à sentir le poids des ans sur ses épaules, et pas que. Y voyant de moins en moins il finit par se décider à aller chez une ophtalmologiste qui lui prescrit des lunettes. A contre cœur, Stéphane finit par choisir des lunettes, les moins chères qu’il arrive à trouver, et c’est tout un poème. Il attend quelques jours avant de les utiliser. Lorsqu’il les chausse et qu’il regarde quelqu’un, une petite voix dans sa tête lui chuchote ce que pense la personne visée. Il multiplie les essais et c’est incroyable, dès qu’il regarde derrière ses verres une personne, il entend ses pensées. Il se dit qu’il va en profiter mais sa vie devient petit à petit un enfer…

Finalement, tout cela n’est pas tant tiré par la corde !

Amusez-vous, explorez, écrivez, a-cordez-vous ce plaisir !

JFP


Notez que l’histoire est librement inspirée du roman de l’allemand Stefan aus dem Siepen, « la corde ».
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