Destination : 389 , Un air de famille


La destination proposée pour cet atelier me paraît simple : l’univers de la famille. Pour l’illustrer avec une pointe d’actualité, je vais vous raconter brièvement un joli film vu il y a peu : « la famille Asada ». C’est un film japonais, datant de 2020, réalisé par Ry?ta Nakano. Il s’inspire de l’histoire réelle de Masashi Asada, photographe japonais.
Je fais une petite pause ici pour m’insurger contre « inspiré de faits réels » ou « d’après une histoire vraie ». Il semble que la plupart des œuvres de fiction, voire d’art ne puissent plus assumer leur dimension fictionnelle et symbolique, que le vrai soit une plus-value incontournable. Je m’interroge sur ce que cela signifie de notre monde, est-ce que la virtualité de nos vies dans un monde numérique omniprésent doit être contre-balancée par des fictions qui nous rapprocheraient d’une réalité perdue ?
Mais revenons à notre pépite japonaise. Ce film est très intéressant car il casse des clichés sur le Japon et sûrement encore plus pour les japonais. Masashi est un jeune garçon qui se cherche dans une famille un brin atypique : une mère infirmière qui travaille beaucoup, un frère aîné et un père qui reste à la maison, qui cuisine pour sa famille. (Cas encore plus rare au Japon que chez nous, tant le rôle de la femme est coincé au foyer, dans les attentes de la société…). Bref, Masashi, ne sait pas ce qu’il va devenir, il traîne, il glande, il erre, il végète…
Un jour, son père lui offre pour son anniversaire son ancien appareil photo. Mais ce n’est pas pour autant que Masashi se lance dans la photo, qu’il a le déclic. Non, il continue à traîner et passe le plus clair de son temps à pêcher. Cependant, sur un cliché, il arrive à capter quelque chose en prenant en photo son amie d’enfance.
Des années plus tard, pour obtenir son diplôme en photographie, il se souvient de la journée mémorable, où lui, son frère et son père s’étaient tous trois blessés « bêtement » et s’étaient retrouvés à l’hôpital, soignés par leur mère. Masashi reconstitue cette scène avec sa famille, utilise ce cliché qui lui permet d’être diplômé. Petit à petit l’idée d’une série de photos de famille décalées et originales naît, et Masashi force sa famille à se transformer en Yakusas, en pompiers ou en pilotes de F1.
Après bien des péripéties, Masashi finit par devenir photographe « grâce à sa famille ». Une seconde partie de l’histoire s’ouvre avec le tsunami qui a ravagé une partie du Japon en 2011, mais je vous laisse découvrir la suite par vous-même.
Bref, c’est vraiment une histoire de famille et la réussite de Masashi est aussi celle de sa famille, même si malgré tout, Masashi reste Masashi...

Je vous propose au cours de cette destination d’écrire tout simplement une histoire de famille. Vous pourrez bien sûr puiser dans votre histoire personnelle, mais aussi dans celle des autres et pourquoi pas dans votre imagination ! Dans l’histoire de la famille Asada, si Masashi est le personnage central, cependant les autres membres de la famille sont traités en profondeur et avec subtilité, que ce soit le père, la mère ou le frère aîné. Dans cette histoire de famille, s’y adjoint peu à peu l’histoire de celle qui deviendra (difficilement) son amoureuse. Donc, l’histoire de famille n’exclut pas la présence (nécessaire à la narration) d’autres personnages, qui malgré tout feront l’objet d’un moindre traitement.

Pour un autre clin d’œil, toujours au cinéma, plus classique et plus près de chez nous, le titre de cette destination évoque l’excellent film de Jaoui, Bacri et Kaplish qui se déroule exclusivement dans le cadre du bar-restaurant « Au père tranquille ». Là encore, on voit bien tour les enjeux qui se trament, les non-dits qui pèsent, les colères qui éclatent, les soumissions, les hypocrisies… Notez que pour écrire une bonne histoire de famille, une famille très heureuse à laquelle il n’arrive que de belles choses sera un handicap.

Allez, les enfants, à vos plumes…
prêts,
écrivez !

JFP

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