Destination : 392 , Ailleurs perpétuel


J’te dis que ça se tente !
Je ne suis pas sûr.
Pourtant, un atelier d’écriture, c’est aussi fait pour ça, pour pratiquer des expériences.
Alors OK, vas-y.
Merci. J’explique : tout est parti de la découverte de la poétesse Laura Vazquez, une jeune autrice marseillaise qui écrit une poésie fraîche, libérée, novatrice…
Comment ça ?
C’est là que c’est compliqué, et pourtant simple. Sa poésie raconte, parle, distribue des bouts de dialogues, s’adresse aux objets, les fait parler… Le tout sans artifices, ni signes tels que guillemets ou tirets.
Et c’est pas le bordel ?
Non, comme tu y vas, mais tu as raison d’être franc, car nous avons affaire à une poésie « franche » qui dit sans retenue.
Tu peux encore donner des exemples ?
Oui, elle a publié un roman, « la semaine perpétuelle », prix Wepler 2021. Dans ce roman, d’après les extraits, commentaires et résumés l’autrice alterne les voix de quatre « instances » : les voix des personnages, les monologues intérieurs (ou pensées) des personnages, la contextualisation des lieux, expressions, visages, la voix d’une narratrice.
Un peu comme nous ?
Oui, mais nous on reste simple…
Pourquoi ?
Parce qu’on ne vise pas la poésie, on n’est que deux, on ne souhaite pas écrire une histoire, on a juste envie d’expliquer quelque chose, voire d’être clairs.
Pas con.

Pour donner une autre vision du livre de Laura Vazquez, voici ce qu’en dit le site de son éditeur :

« À quoi servent les yeux quand on ne regarde rien ?

Dieu prie qui ?

Tu m’écoutes ?

Est-ce que les souvenirs forment la personne ou est-ce que la personne forme les souvenirs ?

Les flammes ne sont pas belles peut-être ?

Elles ne sont pas belles ?

Est-ce que ce n'est pas joli une flamme ?

Dans La Semaine perpétuelle, les récits et les voix s’entremêlent : adolescents, personnes âgées, gens d’internet. Écriture animiste, où toutes les choses du monde peuvent parler – où le monde est possédé. »

Je crois que l’on a de plus en plus d’éléments pour écrire un texte poétique, qui parle, qui raconte, qui ose, qui explore.
Avec quels éléments ?
Ceux qu’on a dit : deux personnages (au moins), des voix intérieures, des objets qui peuvent s’exprimer, un peu de folie.
Beaucoup.
Oui, pour la trame narrative, on peut s’inspirer du résumé « officiel » du roman :
« Le père rêve d'une éponge qui lave le passé. La mère est partie, il dit qu'elle n'existe plus. Sorti du monde, le fils poste des vidéos sur Internet et il écrit des poèmes. La fille ne supporte pas la réalité trop proche et toutes ces personnes qui avancent avec leurs millions de détails. La grand-mère entend les clignements et les soupirs de chaque moustique. Tout ce qui leur arrive est dans l'ordre du monde.
La Semaine perpétuelle est d'abord un livre sur les gens d'Internet. Ecriture animiste, où toutes les choses du monde peuvent parler - où le monde est possédé. Un livre à la vivacité poétique frappante, la découverte d'une voix. Quand son esprit monte au plafond, elle se regarde, elle se voit dans le lit, et la grand-mère ajoute un ciel sur chaque chose. Elle regarde les objets, elle fait le tour de la pièce, elle ajoute un ciel pour chaque meuble, un ciel sur la télé, un ciel sur des bouts de pain, un ciel sur les yaourts, un ciel par couverture, un ciel sur le plancher, un ciel sur le gymnase, un ciel sur chaque enfant, Salim, Sara, un ciel sur chaque tête, et un ciel chacune de leurs dents, un ciel sur leur front, un ciel sur chaque mèche et tout devient léger. »

S’il n’y avait qu’un phrase à retenir pour cette destination : enchaîner poétiquement des voix, des discours, qui expriment des idées, des pensées, qui racontent. C’est le lien, le fil entre ces discours qui va faire texte… Essayez.
T’es marrant toi !

Oui ! Un oui comme le sifflet d’un oiseau, un oui qui autorise, permet, libère, oui, oui, oui !

JFP

http://lauralisavazquez.com/index.html site de l’autrice
http://revuemuscle.com/ (revue co-dirigée par Laura Vazquez)

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