Destination : 157 , La route


Fausse route

La nouvelle destination s'affiche. C'est sur la route que tout doit se passer. Je ne suis pas vraiment inspirée mais je me prête à l'exercice et commence à visualiser toutes sortes de chemins.



La première route qui se présente m'accable par son soleil brûlant. Droite et déserte, elle déroule son ruban à l'infini. L'asphalte colle à mes semelles, me donnant l'impression de marcher sur un terrain boueux. Ses efforts pour me retenir ne font que m'inciter à la fuir. Pesante et angoissante, je l'abandonne volontiers.



A l'opposé, je vois ou devine une petite route de montagne. Joueuse, elle ne se dévoile qu'aux multiples détours qui la composent. Jalonnée d'une flore étonnante, ses bas côtés sont soit rassurants soit vertigineux. Sans être abrupte, elle exige vitalité et hardiesse pour l'emprunter. Je m'en sépare donc sans regrets.



Les chemins de prairie m'appellent alors. Bordés d'herbes tendres et de fleurs des champs, ils offrent leurs bosquets aux passionnés. Qu'il fait bon s'y promener. Et même empruntés par la nécessité, les cailloux crissant sous les pieds chantent leur joie d'être foulés. Les souvenirs remontent, d'odeurs et de sensations. Mais quand le plaisir s'évanouit, ne reste que le chagrin. C'est avec soulagement que j'y renonce.



Allons ! Toutes les routes ne sont pas matérielles. Je ne veux pas désespérer.



Pourquoi pas un dialogue ? Il naîtrait dans un conflit et se nourrirait des haines et des ressentiments jetés comme autant d'appel à l'aide. Puis, les mots blessants se feraient moins acérés pour mieux se révéler. Les cris disparaîtraient dès l'arrivée des larmes qui noieraient de pardon la voie de la réconciliation. Bien que l'issue en soit heureuse, je n'ai pas le cœur à la suivre.



Plus profond alors ? Les chemins de l'esprit sont autant de labyrinthes où chacun y dépose ses valeurs, ses espoirs et ses connaissances. On sort toujours grandi des itinéraires empruntés. Mais la vraie richesse est de les faire partager pour les étoffer de tout ce que les autres peuvent y apporter. Vaste et noble sujet qui ne mérite pas d'impasses. Je m'abstiens donc de l'aborder.



Je ne peux attacher mes pas à aucunes de ces routes, de ces voies, de ces chemins. Nourris de mes émotions, ils pourraient m'entraîner trop loin. Aurais-je peur de m'y perdre ? Sûrement. Mais je préfère penser que : « Non, pour cette destination-là, je ne suis vraiment pas inspirée ».

LYDIE F