Destination : 248 , Italia mi amore


Sono i miei ricordi d'infanzia

" - Allora, tu voulais qu’on fasse quoi ? Il n’y avait rien, rien à manger, rien à faire… On travaillait comme des mules pour une terre qui ne serait jamais à nous ! Mi scusi, ma non siamo idioti ! Quand on nous a dit qu’ici, c’était l’inverse, de la terre et pas d’hommes pour la faire vivre, on a pas hésité ! Et Pfouit, un matin, ciao bambino e andiamo !"



Elle, c’était ma Mamma. Celle qui a bercé mes jeunes années de son accent plein de soleil, de son charabia franco-italien mâtiné de patois et, surtout de sa fabuleuse cuisine, aussi riche en couleurs que ma grand-mère elle-même. Comme beaucoup de ritals venus s’installer chez nous au lendemain de la Grande Guerre, elle était originaire de Premariacco, dans la province d’Udine, cette région Frioulane qui, par un jeu d’alliances politique, était entrée en guerre Autrichienne et en était sortie Italienne. Ses parents, avec d’autres familles du village, étaient partis un matin, emportant avec eux le peu qu’ils possédaient, pour venir ranimer les campagnes Gasconnes, saignée de ses hommes après plus de quatre ans de combats. Elle avait dix ans quand ils ont pris la route, au tout début des années 1920. Elle était l’aînée de deux frères, Giacomo et Josephe.



" - Ma, e allora ? On est arrivé et ça a pas été facile, ça non ! On nous a pas déroulé le tapis rouge, il a d’abord fallut faire ses preuves !!! Les gens d’ici, ils sont gentils, mais il faut d’abord montrer patte blanche ! Heureusement, on a trouvé una famiglia, ils avaient perdu le fils à la guerre, ils nous ont tout de suite adoptés et nous ont aidés. Per favore, mia bambina, donne-moi la farine."



Nous pouvions passer des heures, toutes les deux, dans sa cuisine. Elle s’agitait et je suivais attentivement chacun de ses gestes pour les reproduire à mon tour. Ce que je préférai par-dessus tout, c’étaient les gnocchis ! Quelques pommes de terre bouillies pétries avec de la farine, façonnés ensuite en de petits boudins cuits à l’eau et arrosés d’une sauce tomate parfumée d’origan dans laquelle baignaient des morceaux d’abats de volaille. Mhmmmm ! Una delizia !



Elle nous a quittés il y a déjà plus de vingt ans, mais elle me manque toujours cruellement. Je continue de suivre les recettes qu’elle m’a transmises dans la pénombre de sa cuisine mais, malgré tous mes efforts, jamais je n’ai réussi à l’égaler complètement. Ma, non e cosi importante ! Chaque fois que je pose sur mon fourneau la marmite pour mettre l’eau à bouillir, chaque fois que mes mains plongent dans la chair brûlante de la pomme de terre, chaque fois que je sens l’origan infuser dans ma casserole de tomates concassées, l’image de ma grand-mère apparait et nous permet de passer encore un peu de temps ensemble.



myriam