Destination : 129 , Je n’ai jamais pu supporter les textes et leurs auteurs.
Je hais les girafes
Je hais les girafes
Je n’étais pas plus haut que trois pommes assises que déjà Maman parlait de mon avenir et je les entendais discuter Papa et elle
« il sera docteur ou avocat .
- que nenni il sera aviateur ou même astronaute. »
Et s’en suivaient des palabres à n’en plus finir.
Après avoir obtenu mon certificat d’études primaires de haute lutte en chantant la Marseillaise et en comptant les gouttes qu’un robinet laissait fuir dans une baignoire sabot, il a bien fallu que je « m’oriente » ; au vu de mes résultats il était impossible d’assouvir les désirs de mes parents j’optai donc pour :
« peigneur de girafes » Oui, je sais … ça ou autre chose.
Hélas, trois fois hélas, rien n’est plus détestable que ces immenses bêtes.
D’abord, elles sont tellement hautes que j’en ai le vertige ; je suis au bord du Grand Canyon. Elles courent si vite que même en travelling je ne peux les suivre, et elles me collent un mal de mer à agiter sans arrêt leur petite tête au bout de leur cou que je passe mon temps dans une balançoire.
Ensuite, le matériel qu’il faut entretenir : les étrilles uniquement en corne de rhinocéros, les brosses en poil de phacochère , les ciseaux à bouts carrés pour ne pas changer la forme des taches ; la girafe ne serait alors plus elle-même, question d’identité.
Faire très attention ne pas peigner à rebrousse-poil sinon la girafe se fâche…
Et puis surtout, il y a les badauds qui s’esbaudissent dès qu’une girafe s’approche…surtout le bébé. Il faut entendre les gazouillis ! Et nianiania, et nianiania.
Mais le pire est arrivé le jour, où étant terriblement fatigué, que dis-je éreinté par mon boulot quotidien, je me suis endormi, bercé par les doux ruminements de mon animal. Une girafe s’approche de moi et me susurre à l’oreille :
«Tu as encore laissé le peigne accroché à ma crinière …tu mérites un gage… » Pas eu le temps de me frotter les yeux que déjà l’énorme gâteau me submergeait… Je déteste les girafes !
Depuis j’ai changé de métier, je suis devenu « regardeur en jardinerie » c'est-à-dire que je me mets les doigts de pieds en bouquets de violettes et j’attends qu’elles poussent…
Pardon aux amis des girafes que par ailleurs j’adore.