Destination : 153 , Peur sur Ailleurs


Cauchemar

Quel est donc ce lieu où je me trouve soudain ? La pièce est dans le noir : seule une baie vitrée donne la faible clarté que la lune en croissant diffuse. Je m'approche et cherche à voir au-delà des ombres qui m'environnent. Rien. Aucun indice ne peut me dire où je suis. Je pose mon front contre le verre glacé de la vitre. Il fait écho au froid qui m'envahit. Vague sombre qui monte en moi, l'angoisse prend possession de mon esprit. Raisonner m'est désormais impossible. Dans l'attente d'une suite sinistre, je me perds dans les impressions qui me viennent tout à coup. Sensations de toucher et odeurs musquées m'assaillent. Je suis pourtant seule.

D'où vient la main qui m'a effleurée ? Caressante, elle n'en est pas moins ennemie. Mon instinct me le dit. Il me faut fuir mais je ne peux plus bouger. Soudée devant ce paysage sombre, triste témoin de mon agression, je ne peux que subir. La pression se fait sentir à nouveau. Je suis vidée, rongée par cet acide qu'est la peur qui m'étreint. Un adversaire de chair m'aurait fait ruer, griffer, mordre. Là, je ne peux rien. La caresse n'en finit plus à présent et hurler même ne m'est pas permis. Quoi que je tente, aucun son ne m'échappe. Perverse de douceur, la voilà qui glisse sur moi. Insidieuse, elle cherche l'intimité refusée. Je dois sortir de son emprise. Dans des bribes de conscience, je traque la force de me libérer.

Un sourire moqueur s'impose à mes yeux aveugle. Je le reconnais alors. Maintenant identifié, il perd de sa puissance et forte de ma nouvelle vigueur, je retrouve peu à peu mes moyens. Dans cette sinistre nuit, je me débats avec les armes que je me suis forgée tout au long de ces années. Il ne me soumettra plus. La chaleur commence à revenir, petite onde qui soigne mes chairs brûlées. Le vide se referme doucement. Encore un effort et je serais complètement libre. De bouger, de respirer, de me réveiller.



LYDIE F