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les aventures de Pacoulin Laprovins sur la planète Piéton

Les aventures de Pacoulin Laprovins sur la planète Piéton


Monté sur Tiens Garde Vaillante, son télétransporteur giga vitaminé, Pacoulin Laprovins parvint à la tombée de la nuit dans une lointaine galaxie nommée Paris, sur la planète Piéton.

Il ne vit tout d’abord qu’un énorme chaos, un bric-à-brac informe de routes, de rues et de trottoirs envahis d’épaves mobiles, d’autos immobiles, de poulaides pas belles, de motocrades, de motocrottes, de pipi de chats, de crachats, de mate las, de papiers gras, de détruit-tout, d’or dures et d’étrons mous.
Puis, en ajustant ses binocles, au loin, qui slalome dans l’amas de décombres, il voit… une dame ? Un quidam ? Une ombre ?... Caché sous un imper atone, une impersonne, qui marche, marche, mâchonne dans sa barbe qui se barbe, dans sa mine mal taillée :

« Je suis le Piéton.
Je suis le crétin qui piétonne
Je suis le très con qui piétine.
Je piétine c’est mon destin.
Soir et matin,
Pluie ou brume,
Je butine le bitume,
Je broute le béton.
Mon pré carré c’est le pavé,
Mon pré salé où je fais bê,
Bête à corne
Bétaille piétaille
De pied ferme j’assaille
Mon petit mètre carré
De passe muraille
De passe grisaille.

Je suis le Piéton
Je piétine je piétonne.

Pas futé je bisonne
Je bovine je bufflonne.
Où la troupe
S’attroupe
Je stationne
Je bouchonne
Croupe contre croupe
Je hume
Le bitume
Je mange le macadam .
Mac à dames ?
Vous n’y êtes pas ! Les dames
Qui font le pied de grue
Au coin des rues ?
Pas vues
Pas prises, ni vues
Ni connues,
Même nues.
Badaud, alors, le Piéton ?
Pur qu’en dira-t-on !
Les ravis, c’est pour la crèche,
Pas là où je crèche !
Pas le temps, je suis en retard
Je suis très en retard !

Je suis le Piéton
Je piétine je piétonne

Hagard je redémarre
Je vrombis, je klaxonne :
Marre ! marre !
Je fais du porte à porte
Du bouche à bouche
De métro.
Mais trop ! Mais trop !
Overdosé d’ozone
Gazé d’oxyde de carbone
Je m’essouffle je m’époumone
Ca gaze ?
Plein gaz !
Bagneux, Bagnolet, Batignolles,
Partout y a des bagnoles !
Tu crois que je rigole ?
J’en ai plein les guiboles,
De ce bagne à bagnoles !
Marre
Du tintamarre
J’en ai assez
De piétasser !
Clignancourt :
Ca clignote, on court !
Piétons, circulez !
Faire un pied de nez
A ces salauds de véhi-culés ?
Trop occupé à ronchonner
A piétonner !

Je suis le Piéton
Je piétine je piétonne

Gueule de travers
Mine sévère
Je persévère
Je bull dozère
Poli, moi ? Une brute !
Passe mon chemin, fils de flûte !
Gare aux chutes
Si tu m’amputes
Mon trottoir, zut ! »

C’est la culbute. Bousculé le brave Pacoulin Laprovins, qui voulait interrompre sa course bovine pour dialoguer, se retrouva cul par terre, éberlué, tandis que le Piéton opiniâtre s’éloignait en marmonnant :

« Je suis le Piéton
Je suis le crétin qui piétonne
Je suis le très con qui piétine
Je piétine je piétonne
Je suis le Piéton »

Dégoûté Pacoulin remonta sur Tiens Garde Vaillante, son télétransporteur giga vitaminé, et repartit vers de nouvelles aventures.

Jose