Destination : 262 , Parler régional
D 262 Parler régional
Notre français est à n'en pas douter une belle langue. Bien qu'un peu tortueuse et piégeuse nous nous faisons ici un plaisir d’y naviguer au gré de ses méandres.
Si notre français moderne est somme toute assez récent, il garde en son sein des mots d'origine étrangère et régionale. Il sait aussi accueillir de nouveaux mots, qu'ils soient empruntés au village mondial ou façonnés de toutes pièces (plus rare).
Pour cette destination, j'aimerais que nous faisions la part belle à des mots « régionaux », qu'ils aient été digérés par notre langue commune ou qu'ils soient tolérés dans un usage « vulgaire », le terme vulgaire étant ici synonyme de populaire. Cette destination permettra également d’étendre cette découverte à des communautés francophones « étrangères » qui font elles aussi un bel usage local de notre langue avec une créativité intéressante.
Plusieurs chemins s’offrent à vous pour cette destination.
Le premier, le plus simple sans doute, est de faire l’inventaire des mots qui remontent à votre enfance et qui étaient employés dans votre environnement pour lesquels vous avez parfois découvert tardivement leur emploi « à usage local ». Une fois armé de cette liste, vous vous retrouvez avec un logo-rallye tout ce qu’il y a de plus classique et il vous faut maintenant bâtir un texte qui utilise un à un ces mots. Pensez qu’il n’est probablement pas nécessaire d’expliquer ces mots, qu’ils sont employés naturellement par le narrateur et que le contexte doit permettre d’en déduire le sens. Ces mots doivent le plus possible se trouver comme des poissons dans une eau qui leur est familière. Il est probable que votre histoire trouve sa place dans le passé, mais ce n’est pas obligatoire, vous êtes capables de trouver des stratagèmes permettant d’exposer dans un contexte moderne de belles antiquités.
Une autre solution, moins naturelle peut-être, est d’avoir une histoire à raconter, de l’écrire et d’ensuite voire quels mots vous pourriez remplacer par des mots régionaux, voire des expressions.
Une piste « un peu tirée par les cheveux » est également d’écrire une nouvelle en inventant des mots anciens. Comment faire ? Un petit peu comme un faussaire imiterait la reproduction d’un meuble ancien : il s’agira d’écrire des mots qui ressembleront à des mots anciens à s’y méprendre ! Ce n’est pas si compliqué que cela, notre langue fabricant souvent des mots selon les mêmes structures, racines, piochant chez les nouveaux envahisseurs des mots à franciser. Il se peut même que dans ce travail de faussaire vous parveniez sans le vouloir à ressusciter un mot disparu !
Pour cette destination, vous pouvez vous aider de nombreux sites et ressources dédiées aux parlers régionaux. Je vous propose ici quelques liens intéressants.
http://atlas.limsi.fr à cette page, vous pouvez écouter une fable d’Esope écrite et oralisée selon 146 parlers régionaux de l’hexagone. C’est amusant d’entendre combien elle sonne différemment selon les versions. Je vous recommande l’alsacien, le provençal ou encore le nord occitan. Pour la version « 100 % française » vous cliquerez bien sûr sur Paris.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lexique_du_fran%C3%A7ais_qu%C3%A9b%C3%A9cois sur cette page, vous pourrez consulter un tableau sur le « français québécois » et cela permettra d’étendre ici la destination à des mots français « identiques » mais employés avec un sens « québécois ». Cela peut permettre l’écriture d’un texte propice aux surprises et quiproquos !
http://francaisdenosregions.com beaucoup de choses sur ce site, j’ai participé à une enquête m’interrogeant sur mes expressions…
http://www.mots-croises.ch/Liens/Dictionnaires-Regionaux.htm portail vous suggérant des liens vers des dictionnaires régionaux.
Pour la référence culturelle, je serai un peu hors sujet, mais pas complètement. J’ai envie de vous parler d’un livre très intéressant, écrit par un jeune auteur : David Lopez. Il s’agit de « fief ». Dans ce roman, le premier de l’écrivain, il est question d’une bande de jeunes garçons, coincés entre banlieue et campagne, qui s’ennuient à longueur de temps et pour qui le monde se réduit à un territoire exigu, à rouler des pétards et traîner dans une sorte d’inactivité mélancolique. Ce roman est écrit avec un gros travail sur le langage, les mots, un style travaillé pour faire corps avec le sujet. Il y a des mots qui sont « locaux », propres à cette bande et qui définissent leur fief. Un bon moment de lecture.
http://culturebox.francetvinfo.fr/livres/la-rentree-litteraire/fief-le-roman-radical-de-david-lopez-ecrit-entierement-en-langue-caillera-263123