Destination : 269 , Temps d'Ailleurs
Je ne sais pas dans votre entourage, mais dans le mien il y a pas mal de personnes pour qui la météo occupe une part non négligeable de leurs conversations. J’ai même tendance à croire que c’est une particularité typiquement française – quoiqu’il paraît que nos amis britanniques sont très friands de discours météorologiques. Toujours est-il que depuis mon enfance j’ai beaucoup enragé de ne pouvoir communiquer avec certaines personnes autrement qu’en passant de très longues minutes - qui me paraissaient des heures - à échanger sur la pluie et le beau temps, comparant nos météos distinctives, faisant état des années passées, d’anecdotes saisonnières, d’exemples « exagérés ».
Longtemps, j’ai lutté contre ces discours qui me paraissaient presque inutiles nous éloignant des vraies choses que nous avions peut-être à nous dire. Et puis, l’âge et la sagesse peut-être se cumulant, j’ai compris que c’était une langue pour certaines personnes, qu’elle permettait d’exprimer beaucoup de choses, depuis l’état de santé en allant jusqu’aux états d’âmes en passant même du côté de la société et de l’économie. Je m’y suis petit à petit mis moi aussi, comprenant qu’il fallait bien parler la même langue pour pouvoir communiquer…
Du côté de la littérature, la météo et ses phénomènes sont assez bien représentés. Je citerai ici le cas du fameux « fog londonien » qui disparut -presque- par enchantement au milieu des années 60.
Dans Books de ce mois-ci, est contée une rétrospective de ce fameux brouillard qui enveloppa la capitale anglaise depuis les débuts de l’ère industrielle. Ce monstrueux phénomène était si épais qu’il durait plusieurs jours, a donné naissance à l’expression « purée de pois ». Il était si intense qu’on ne pouvait apercevoir le bout de ses menottes et que les contrôleurs de bus étaient obligés de descendre pour guider les bus sur les routes ! De nombreux peintres, poètes et écrivains venaient à Londres pour s’inspirer de ce phénomène, son atmosphère, sa légende. Certains même ne cachaient pas leur déception lorsque le monstre n’était pas au rendez-vous. Toujours est-il que cette calamité climatique disparut avec l’interdiction des cheminées qui l’alimentaient. On dénombre des milliers de morts liés à cette pollution et il reste bien quelques jours dans l’année pour qu’une brume dense rappelle le fog du passé.
Ce que je vous propose pour cette destination est assez simple : que le climat, le temps qu’il fait, un phénomène météorologique, ses conditions soit au centre d’un texte.
Lors de la destination 34 « sous le soleil d’Ailleurs », je donnais à lire le tout début du roman de Laurent Gaudé « le soleil des Scorta » que je vous invite à (re)lire, c’est un magnifique exemple de début de roman qui nous plonge par la météo dans une ambiance formidable. http://www.ailleurs-atelier.com/affichedestination.php?numero=34
Notre Terre est généreusement fournie en conditions météorologiques des plus diverses : déserts, banquises, ouragans, tornades, moussons, inondations, tsunamis etc. .. Les exemples ne manquent pas et vous n’hésiterez pas à évoquer des phénomènes que vous n’avez pas connus mais qui hantent votre imagination.
Plusieurs types de textes peuvent vous tenter : le dialogue (j’en ai parlé en introduction), la nouvelle, le « texte-catastrophe », le bulletin météo, le poème, l’article de faits divers… Les plus créatifs pourront même créer et nous décrire un phénomène météo que nous ne connaissons pas (pourquoi pas extra-terrestre?).
A l’heure où je rédige cette destination une bonne petite couche de neige s’est invitée sur le sol de mon petit lieu de vie où ce n’est pas si courant, et cela nous fait parler !
JFP
http://journals.openedition.org/gc/2744 Vous trouverez ici un article assez documenté sur les nuages dans la littérature française. J’y ai découvert que Proust s’était adressé à eux en termes poétiques.
http://www.franceculture.fr/oeuvre/meteorologies-discours-sur-le-ciel-et-le-climat-des-lumieres-au-romantisme Tout est dans le titre, des archives sonores intéressantes.