Destination : 396 , En Prison !


Je viens de terminer le très beau et émouvant roman graphique de Valentine Cluny-Le Callet : « Perpendiculaire au soleil ». Dans ce roman graphique, l’autrice, toute jeune au début de la narration raconte comment elle devient correspondante d’un détenu dans un couloir de la mort, en Floride, aux Etats Unis : Renaldo McGgirth. Ce jeune homme noir, y attend sa sentence depuis quelques années et se bat pour y échapper, pour faire entendre son innocence, accusé d’un crime qu’il nie avoir commis.
Le roman ne se focalise pas sur les faits judiciaires, il nous raconte le quotidien d’un jeune détenu, grâce aux dessins de l’autrice, d’une beauté à couper le souffle, mais aussi grâce aux dessins de Renaldo lui-même qui se mêlent à ceux de la dessinatrice. Un autre pan essentiel de ce roman est que nous assistons à la naissance d’une relation, d’une amitié entre l’autrice et son sujet. C’est pur et simple, l’autrice ne tombant pas dans les pièges attendus et possibles.

Je ne sais pas si vous avez déjà regardé des documentaires sur la vie des prisonniers en détention. C’est presque un genre documentaire. J’ignore pourquoi cela peut fasciner, intriguer, émouvoir. Je fais partie des gens que cela touche… Cela dit quelque chose d’important sur l’humanité, mais je ne saurais dire quoi.

Approchons-nous doucement de la destination. Ecrire est une des seules occupations possibles pour un prisonnier. Beaucoup de livres célèbres ont été écrits en prison, je pense par exemple au récit de Marco Polo, à la genèse de Don Quichote, au « vagabon des étoiles » de Jack London, « crime et châtiment » de Dostoïevski, « alcools » de Verlaine, etc.

Qu’y-a-t-il donc en prison qui soit propice à l’écriture ? Je crois que c’est le même principe que celui d’un atelier d’écriture, mais poussé à son extrême : la contrainte est tellement puissante qu’elle débouche sur une création et aboutit à l’écriture. Ce qui avait envie d’être exprimé doit alors sortir, dans une espèce de nécessité qui peut avoir aussi une valeur rédemptrice pour son auteur.
Enfin, il se pourrait aussi que la prison soit en quelques sorte une métaphore de la vie humaine : un esprit qui se voudrait libre, enfermé dans un corps, le même corps emprisonné dans une vie avec un début et une fin. Notre monde est-il une prison ?

Pour écrire cette destination, rien de plus simple : imaginez une situation où votre héros est prisonnier, racontez si vous le souhaitez pourquoi il est là, son quotidien, mais surtout l’essentiel : ce qui se passe dans sa tête. Est-ce qu’il repense à son passé, est-ce qu’il se questionne, est-ce qu’il a des remords, est-ce qu’il s’évade, est-ce qu’il se désespère… Paradoxalement, la situation du prisonnier est littérairement et psychologiquement riche, exploitez cette richesse.

Qu’appelle-t-on prison ? Toute situation où un individu se retrouve privé de liberté, cela va de son travail à son couple, de son habitation à sa passion. A vous de choisir les barreaux, de nous décrire comment ils privent de liberté votre héros.

Pour finir, voici une citation tirée de « l’ombre du vent » de Carlos Ruiz Zafon : « il est des prisons pires que les mots ».

Libérez-vous : écrivez en prison !

JFP

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