Destination : 385 , Voies navigables
Quais
Va, va le Rhône à flots boueux épais
Le long des quais.
Va, va vers son embouchure là-bas en Camargue
Sous l’oeil doux des flamands roses danseurs
La méditerranée t’attend pour te happer
Te dissoudre, t’oublier.
À Arles, sur tes quais, on lit
On boit on braille sur des musiques rageuses.
Des couples, sur tes ponts,
Te regarde passer sans s’émerveiller
Et pourtant, combien par le passé, tu fus grand
Au fond de tes eaux débris de vaisseaux
Statues éparpillées, trésors estampillés peuvent témoigner.
Boudeur, tu vas, tu vas, espérant
Qu’une pleine lune abandonne sur ton dos visqueux
Quelques étincelles d’or, quelques reflets précieux.
L’antique anneau rouillé qui connu bien des cordages
S’habille d’herbes folles en se désagrégeant
Il te regarde passer le coeur un peu serré
Comme un père voit son fils partir sans un mot
Il est ta mémoire, il voudrait mais ...
Personne ne peut arrêter le Rhône
qui va, va à flots boueux épais
Le long des quais.
Evelyne