Destination : 46 , DEUXIEME ANNIVERSAIRE Mémoires d'Ailleurs
Chap II : Innocent
Voilà comment on écrit l'histoire! Qui a pu sortir une telle stupidité?
heureusement je suis encore de ce monde, et j'étais dans l'épicerie le
jour où le pseudo-crime a eu lieu. Avant de regagner ma couette, je
tiens à faire un récit qui rétablira la vérité.
Le 29 aout 2000, à 8 h du matin le thermomètre indiquait 28°C. Mme
Cécile Pluche se leva de mauvaise humeur. Elle avait mal dormi à cause
de la chaleur, et décida de faire ses courses avant que la température
n'atteigne les 35° annoncés par Radio-Ailleurs. Elle fit une toilette
rapide, choisit une robe de tergal mélangé à du coton (pour éviter trop
de transpiration), chaussa des sandales de toiles, et vérifia que son
porte-monnaie était bien dans son panier. Elle s'engagea dans la rue en
fredonnant sa chanson favorite "Oh! I'm just a poor lonesome cowboy".
L'épicier du carrefour était en train d'arroser ses laitues (plutôt
défraîchies car elles étaient en magasin depuis 3 jours). Il ne
l'entendit pas arriver (ses semelles étaient de corde).
Cécile Pluche fit "Hum, hum", et l'épicier, Raoul Traintrain se
retourna tout sourire. Son sourire se figea d'un coup devant la mine
écoeurée de Cécile Pluche. Et son absence de sourire se tourna en
panique quand il se vit menacé d'une dénonciation à l'association de
consommateurs "Ailleurs l'herbe est plus verte", qu'elle dirigeait
d'une main de fer. Courageux mais pas téméraire, il battit en retraite
au fond de la boutique.
Mme Pluche en avait maté d'autres, et elle n'hésita pas une seconde à
le poursuivre. C'est en passant devant le rayon fromages qu'une boîte
de petits pois lui tomba sur la tête. En même temps, le chat de
l'épicier, un européen sympathique au demeurant, prénommé Fafa, lui
fila entre les jambes.
Déséquilibrée, elle trébucha en écrasant la queue du chat. Fafa se
retourna et lui mordit le mollet. Et voici le crime, vous apprécierez,
elle s'affala sur le couteau à couper le beurre (l'épicier ignorait
l'usage du fil, en réfléchissant, c'est pas plus mal car elle aurait pu
s'étrangler) et s'embrocha sur la lame.
Bon. Question: pourquoi la lame était-elle dirigée vers l'extérieur?
Simplement parce que le fils de l'épicier, un affreux ado du nom de
Brandon voulait agacer son père qui lui avait refusé son argent de
poche sous prétexte que 3 de moyenne en fin d'année était peu
acceptable. L'horrible Brandon avait donc enfoncé le manche du couteau
dans la motte de beurre avant de rejoindre ses copains. Il avait commis
bien d'autres méfaits dans le magasin, mais ceci est une autre
histoire...
Bref, s'il il eut mort, elle ne fut point criminelle, et je suis
heureuse de terminer une semaine agitée en vous évitant de juger avant
de savoir.
