Destination : 146 , Où on va, JF ?


Et après?

Quelle heure est-il ? J’ai dû oublier de me réveiller. Je n’arrive pas à ouvrir les yeux et je ne peux pas bouger. Cela m’arrive parfois lorsque je suis encore un peu endormie. Pas de panique ; habituellement, j’attends un peu, et ça revient.

Au bout d’un instant, je parviens à remuer le bout de l’index. Ouf ! Je ne suis pas paralysée. J’essaye de bouger le pouce. Comme c’est difficile !

Il m’est toujours impossible d’ouvrir les yeux. Plusieurs doigts se sont animés. Essayons le bout du pied. Je sens quelque chose de dur contre mon orteil.

Je ne suis pas dans mon lit. Mais où suis-je ? J’ai souvent déménagé, et parfois, au réveil, il m’arrive de me demander dans quelle chambre je vais me retrouver. Les souvenirs s’emmêlent. Quelle est ma dernière adresse ?

A force d’agiter mes yeux, peu à peu mes paupières s’assouplissent.

De toutes mes forces, j’essaye de les ouvrir, mais elles résistent.

En pensée, j’actionne mon bras ankylosé afin de le préparer au mouvement. Ca y est, le sang revient, je le sens circuler dans tous mes membres, avec la douloureuse sensation qui l’accompagne.

Lentement, je parviens à lever ma main. Aussitôt, celle-ci se heurte à la paroi. Mais enfin, où suis-je enfermée ? J’atteins mes yeux et frotte fébrilement mes paupières collées. Ca y est, j’entrouvre un œil. Mais je ne vois rien ! J’écarquille les yeux dans les ténèbres ; pas la moindre petite lueur !

Ma main explore ce qui m’entoure. Je tâte, je palpe. Nul doute, il s’agit de bois. D’ailleurs cela sent l’essence de pin.

Alors une angoisse me saisit. Il n’y a aucune issue ! Je suis bel et bien enfermée ! Mon cœur se met à cogner violemment et je ne peux maîtriser un incontrôlable besoin de me mettre à hurler. Mais ce n’est qu’un son rauque et étouffé qui sort péniblement de ma gorge.

Et puis, soudain, tout me revient : les phares dans la nuit glacée, le crissement des pneus, le dérapage dans le décor, les gyrophares de l’ambulance, les yeux bleus du pompier qui me demande mon nom.

Et puis, plus rien.

Fabinuccia