Destination : 145 , Fées d'hiver
Disparitions inquiétantes
Journal « Le petit Gambaisien illustrée » du 19 Septembre 1917 :
Communiqué paru en première page :
Recherche d’une personne disparue dans l’intérêt des familles :
On recherche Mme Célestine Buisson, âgée de quarante quatre ans, yeux bleus, cheveux châtain-roux, taille moyenne.
Mlle Lacoste, sa sœur nous signale la disparition de celle-ci, depuis le 18 Août de cette année. Mme Buisson, veuve de son état et exerçant le métier de femme de ménage à Paris avait, annoncé à sa sœur qu’elle se rendait à Gambais pour y rencontrer M. Henri Fremyet avec lequel elle devait se marier. Depuis, Mlle Lacoste n’a aucune nouvelle de sa sœur qui n’a plus donné signe de vie.
On perd la trace de Mme Buisson, Gare St Lazare où elle a été aperçue montant dans le train, accompagnée d’un homme de petite taille, chauve, aux sourcils bruns et fournis, portant moustaches épaisse et petite barbe taillée en pointe.
Pour tous renseignements, s’adresser à la mairie ou à la gendarmerie de Gambais.
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Page des petites annonces :
URGENT : Particulier recherche bois de chauffage en grande quantité et à prix intéressant.
S’adresser à M. Henri Landru, Villa Rose, Gambais
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Encart publicitaire, sur la même page :
Depuis 1850, la maison GARNIER s’occupe de l’entretien de vos outils !
Elle vous rend vos couteaux, scies, haches ainsi que toutes vos autres lames, aiguisés et tranchants comme au premier jour.
Travail rapide, propre et soigné.
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Novembre 1917 :
M. le Maire de Gambais était soucieux. Les recherches de la gendarmerie, compliquées par cette guerre qui n’en finissait plus, n’avaient rien donné. Malgré l’appel à témoin, personne ne s’était présenté en mairie. Mme Buisson demeurait introuvable, si tant est qu’elle soit un jour venue à Gambais.
M. le Maire était d’autant plus inquiet qu’à cette première disparition venait s’en ajouter une seconde. Hier, au courrier, était arrivé la lettre d’une certaine Mme Pellat lui demandant des nouvelles de son amie, Mme Anne Collomb. Celle-ci, étant fiancée à M. Dupont Henri, était venue s’établir à Gambais avec celui-ci en Décembre 1916. Mme Pellat, habituée à une correspondance assidue avec son amie, s’inquiétait de son silence.
Mais personne, ici, à Gambais, ne semblait connaître d’Anne Collomb ou de M. et Mme Henri Dupont…
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Ce même jour, le propriétaire de la villa Rose terminait ses derniers préparatifs en vue de la visite de sa nouvelle conquête, Joséphine Jaume, une jeune femme en instance de divorce, dont il avait fait connaissance récemment par le biais d’une petite annonce. Outre le fait que c’était une fort jolie femme, elle possédait un petit pécule rondelet dont elle voulait lui confier la gestion, dès qu’ils seraient fiancés.
Le mois dernier, un bûcheron des bois de Chevreuse s’était présenté, suite à sa petite annonce dans le « petit Gambaisien illustré». Ensemble, ils avaient passé un marché pour la livraison de plusieurs stères de bois de chauffage, à un prix avantageux, avec à la clé des livraisons régulières. La première avait eu lieu hier et maintenant un feu d’enfer brûlait dans la grande cuisinière de la villa rose.
Ce matin même, il était allé récupérer ses outils parfaitement aiguisés, chez M. Garnier, qui les lui entretenaient, pour sa plus grande satisfaction, depuis le début de la guerre.
Henri s’habilla soigneusement pour retrouver Joséphine à la gare St Lazare, où il lui avait donné rendez-vous, comme à toutes les précédentes.
Cette fois-ci, il avait déclaré s’appeler Henri Guillet, délaissant les patronymes Dupont et Fremyet, trop souvent utilisés.
Tout à l’heure à Paris, il prendrait deux allers pour Gambais mais un seul retour pour Paris, car il comptait bien faire disparaître Joséphine au plus vite une fois qu’elle lui aurait signé les procurations afin qu’il puisse « gérer » ses affaires.
Et dès demain soir, Henri Landru rentrerait seul à Paris. Il ramènerait à sa femme Marie-Catherine et à chacun de leurs quatre enfants un petit présent afin de se faire pardonner ses fréquentes et mystérieuses absences.