Destination : 96 , Mac Guffin littéraire
Le sac de plage
Catherine et Valérie passent leurs vacances en Grèce, en septembre. Elles ont loué une chambre à l’hôtel Blue View à Aghia Marina dans l’île d’Egine, une des îles du Golfe Saronique à 20 km d’Athènes. Elles viennent de visiter le Temple d’Aphaïa, situé sur une colline dans les pins. Elles redescendent à pied. Le chemin est escarpé et le sol est rocailleux et aride.
Catherine aperçoit un objet sur un muret. Elles s’approchent : c’est un sac de plage. Catherine l’ouvre : Il contient 2 serviettes de bains, 1 maillot de bain de femme et un maillot d’enfant et à sa stupéfaction, elle découvre deux livres : un livre pour très jeune enfant écrit en grec avec une traduction française et un roman français. Catherine fouille encore dans le sac et trouve une facture. Avec les quelques notions de grec qu’elle possède, elle arrive à déchiffrer l’adresse à Egine.
Les deux amies se rendent en car à Egine et finissent par trouver le magasin. La commerçante parle un peu anglais Elle leur dit qu’elle connaît la femme qui lui a acheté les serviettes de bains, elle va lui remettre le sac. Catherine répond qu’elle préférerait remettre elle-même l’objet à la personne. Elle sort de sa poche une carte de leur hôtel, écrit son nom dessus et la tend à la femme. La commerçante acquiesce.
Une semaine plus tard vers 21 heures alors qu’elles ne pensaient plus au sac, on sonne dans la chambre des amies. Le réceptionniste annonce à Catherine que quelqu’un les attend à la réception.
Les jeunes femmes descendent dans le hall et s’étonnent de voir un homme accompagné d’un petit garçon qui pleure en criant en français :
― Je veux voir maman, je veux voir maman !
L’homme, un grec, semble très énervé. Il crie :
― Maman partie Athènes.
Le Grec saisit le sac rapidement, remercie et entraîne le jeune garçon jusqu’à sa voiture.
Les deux amies sont perplexes et ressentent un malaise : pourquoi la Française n’est-elle pas venue elle-même chercher son sac ? Pourquoi le petit pleurait-il tant sa maman ? Et pour quelle raison n’était-il pas couché à cette heure ?
Le lendemain si Valérie ne pense plus à la soirée de la veille, Catherine, elle, est toujours autant intriguée. Elle va voir le réceptionniste malheureusement ce n’est pas celui d’hier ; il sera là demain.
Le jour suivant, Catherine retrouve le réceptionniste qui les a appelées au téléphone et lui pose des questions. Au début il ne se souvient pas puis il se rappelle du petit garçon qui pleurait :
― Oui, c’était M. Papadopoulos et son petit garçon. Cet homme est propriétaire de l’hôtel Kavos Bay qui se trouve au bout de la presqu’île, dit-il en montrant du doigt l’extrémité de la côte. Catherine remercie et va rejoindre Valérie sur la plage. Après le bain, elles décident d’aller faire un tour à Kavos Bay.
Le chemin qui y mène est difficile, il serpente et n’est pas goudronné. Elles peinent à y arriver. Une fois sur place la porte de l’hôtel s’ouvre simplement en la poussant. Elles arrivent sur une terrasse qui surplombe la mer. Il y a quelques chaises et des tables. Un drapeau grec flotte en haut d’un mât. Aucun client, aucune vie ! Seule une brise légère fait frissonner les bougainvilliers roses. Cette terrasse donne sur une cuisine. Un pot de café et quelques gâteaux traînent sur une table.
Elles montent un petit escalier et pénètrent dans un long couloir avec de nombreuses portes, fermées. Elles redescendent et entendent un son assez faible qui semble venir de la cave. Après une courte hésitation, elles se dirigent vers l’endroit d’où semble venir le bruit. Valérie dit : mais c’est un cri !
Help, help ! hurle une femme qui tambourine en même temps sur la porte. Heureusement la clé est là. Catherine ouvre et fait sortir la prisonnière. La jeune femme les remercie et leur dit :
― C’est mon mari qui m’a enfermée. Vite, vite, il a pris la voiture, il va revenir !
Valérie veut reprendre le chemin de l’aller mais la femme l’en dissuade :
― Non pas par ici, suivez-moi, je connais un chemin à travers les bois et il ne pourra pas nous suivre en voiture.
Les trois femmes courent pendant une demi-heure et rejoignent l’hôtel Blue View en passant par derrière.
La femme se présente : elle est française, elle s’appelle : Anne. Elle a connu son mari Dimitri à Paris et elle l’a suivi à Athènes où ils se sont mariés. Ils ont un petit garçon de 4 ans, Nikos. Ils ont vécu assez heureux au début mais tout s’est gâté quand ils sont venus s’installer avec les beaux-parents à Egine. Ils ont acheté l’hôtel Kavos Bay mais il marche très mal. Anne se sent brimée ; on lui fait comprendre que si elle n’est pas contente, elle peut retourner en France mais sans emmener Nikos. A la fin de la saison, les parents rentrent à Athènes et son mari l’enferme dans la cave où elles viennent de la découvrir.
Deux heures plus tard Anne explique en anglais la même histoire à la police et Catherine et Valérie témoignent qu’elles l’ont découverte enfermée dans une cave. Le mari est arrêté.
Des années plus tard Anne obtient le divorce et la garde de son fils, Nikos. Il habite maintenant chez sa maman à Paris. Anne s’est fait deux nouvelles amies et Nikos a maintenant deux marraines !
