Destination : 83 , Lettre(s) à Dieu


Réponses aux lettres à Dieu : Arc-en-ciel


Par un radieux matin de juin, le dieu de l’univers d’ordinaire si grandiloquent, si orgueilleux, si sûr de lui, se lamentait. Il regardait cette planète qu'il avait créée. Le blanc symbole d’éternité était réservé au royaume des dieux et déesses, et sur terre, de toute façon, c’était glacial ! Il avait alors rajouter la seule couleur qu’il avait en son pouvoir, le noir. Se mariant au blanc, le noir avait donné le gris mais, toutes ces variations du blanc au noir étaient d’un monotone ! Lugubres et tristes à mourir.

Non vraiment ! Il ne pouvait pas continuer ainsi. Ce monde-là était bien trop terne. Il n’avait pas le droit de faire naître les hommes dans un environnement si austère. Dieu, pour la première fois de son existence, était confronté à une difficulté qu’il n’arrivait pas à résoudre. Cette épreuve le minait, et il allait devoir renoncer à faire vivre cet univers. La tête entre les mains, il ne pouvait détacher son regard de la terre, contemplant son échiquier. Soudain, il sentit un picotement, une sensation nouvelle ! Les toutes premières larmes divines perlèrent au bord des paupières d’un Dieu désemparé, impuissant et repentant. Le chagrin enfla, enfla, ruisselant en pluie sur la terre. C’est alors que les larmes rencontrèrent les rayons du soleil. Tout le malheur divin se transforma immédiatement en un lumineux arc-en-ciel inondant la planète de reflets bigarrés.

Des pleurs célestes, avait surgi un pont de couleurs et Dieu en avait aussitôt habillé la terre. La nature instantanément s’épanouit, fleurit. La faune et la flore se parèrent de la passion du rouge, de l’optimisme de l’orange, de la vitalité du jaune, de l’espoir du vert, de l’infini du bleu, du mystère de l’indigo, du raffinement du violet. La planète grise abreuvée des sanglots de Dieu s’était métamorphosée en planète bleue. L’eau était promesse de vie, de voyage, de légèreté, de bonheur. Il était temps ! Dieu confia ce monde chatoyant aux hommes. Avec la vie, il leur donna la liberté d’agir et d’être.

Depuis, il les voit se jalouser, s’entretuer, saccager cette si belle planète….. Leur société en perdition s’enfonce toujours plus dans la violence, l’égoïsme et le malheur. Sauront-ils enfin faire preuve d’humilité, de générosité, de volonté de partage, de repentance ? Désespéré, inondant régulièrement la terre de ses larmes, Dieu essaie, sans relâche, dans chaque arc-en- ciel, de leur transmettre le message : « rien n’est inéluctable, le malheur peut être un pont vers le bonheur. » Mais l’entendront-ils ?

Chrystelyne