Destination : 38 , Petites annonces ambiguës
rép. Annonce pastorale 2
Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément…
Belle marguerite, ta corolle de dentelle
S’éparpille dans l’haleine tiède du vent.
Garante des amours pastourelles,
Victime de serments enflammés et cruels,
Ta blanche jupe devenue oripeau,
D’un vol balbutiant, se pose sur l’ormeau.
Allons dans les bois courir le guilledou
Sous le discret couvert du sombre boqueteau,
Je cueillerai la marguerite en buvant du vin doux.
En habit de cérémonie, basques aux flancs
Des nues brumeuses, arrive l’hirondelle.
L’oiseau éparpille tes beaux pétales blancs
Et cueille sur ton calice rond et charnel,
Un baiser, sous l’ombrage tressé en tonnelle.
Ta robe céruse se teinte de ponceau,
Le printemps est venu, murmure les roseaux
Allons dans les champs, le mai fête les fous
Dans un abri secret au bord du frais ruisseau
Je cueillerai la marguerite en buvant du vin doux
La nature, affable, brise l’envoûtement.
Le passereau, dans un élan surnaturel
Retire son manteau de plumes, noblement,
La marguerite redevient damoiselle.
Dans les futaies vibrantes d’ébats éternels,
Sous les épais buissons, ils laissent leur trousseau
Exaltation de la saison du renouveau !
Allons dans les près entendre le coucou
Parmi les lys odorants, sous le gai rinceau
Je cueillerai la marguerite en buvant du vin doux
Plumages et sépales gisent sous les rameaux
La fleur passée entend l’antique rondeau
Que murmure tout bas le galant à genoux:
Viens, la mousse est fraîche, et, sous le vert berceau,
Je cueillerai la marguerite en buvant du vin doux.
C.O.D.