Destination : 162 , Itinéraire de choix


Choisir son matin

L'alarme se met à hurler dans le petit matin et Théo se réveille en sursaut.

Le jour se lève doucement, donnant une teinte bleutée à la chambre. Une brise légère gonfle le rideau.

Théo enfouit sa tête sous l'oreiller et se rendort.

Dans son rêve, le gazouillis des moineaux se transforme en gargouillis du ruisseau. Théo, marche dans l'eau avec ses bottes en plastique. Il tient sa cane à pêche et suit son père jusqu'à la rivière. Il a 8 ans. De gros poissons se faufilent entre ses jambes. Des serpents verts d'eau s'enroulent autour de ses cuisses.

Assise sur un rocher, elle lui fait signe de loin. Ses boucles blondes s'étalent sur ses épaules et sa queue de poisson s'agite sur les flots dans la lumière rasante du petit jour. Mais, au fur et à mesure qu'il s' en approche, son sourire s'efface doucement, son image s'estompe, son contour devient flou. Théo ne la voit déjà plus.

A présent, il a de l'eau jusqu'à la taille. Il lutte contre le courant qui trimbale d'énormes blocs de rocher dans un fracas assourdissant. Théo avance de plus en plus difficilement. Son père a disparu. Paniqué, il l'appelle. Aucun son ne sort de sa bouche et Théo se réveille dans le vacarme du système automatique de ramassage des poubelles dans la rue. Il jette un coup d'œil sur l'écran de son portable qui affiche 9h. C'est fichu! Il a manqué son rendez-vous pour un entretien d'embauche à 8h30. Théo soupire, dépité, il ré enfouit sa tête sous l'oreiller et se rendort.

L'alarme se met à hurler dans le petit matin et Théo se réveille en sursaut.

Le jour se lève doucement, donnant une teinte bleutée à la chambre. Une brise légère gonfle le rideau.

Théo bondit de son lit, saute dans la douche et se réveille doucement sous le jet d'eau tiède et les fragrances tropicales de son gel-douche revigorant.

Pendant qu'il s'habille, la cafetière diffuse son breuvage mousseux aux effluves de noisette caramélisée dans la petite tasse blanche.

Théo s'est mis sur son trente-et-un, il a rendez-vous pour un entretien d'embauche.

Dans le métro, il est debout, le dos appuyé à la vitre. Il pense à ce qu'il va dire, aux questions-pièges que l'on pourrait lui poser. Soudain son œil s' arrête sur une jeune-fille qui vient de s'assoir juste en face de lui. Elle a de belles boucles blondes. Théo l'observe à la dérobée. Ses grands cils ressemblent à des ailes de papillon. Voila qu'elle pose son regard sur Théo qui lui fait un petit sourire et elle sourit aussi. Théo, intimidé, tourne la tête vers la vitre. Les acacias sont en fleurs et un vent léger disperse ses pétales blancs. Le cœur de Théo, comme les acacias, vole en mille petits cœurs. La jeune-fille se lève, le frôle en passant. Il hume son discret parfum de cerise. Le métro s'immobilise, les portières s'ouvrent et la belle inconnue est happée par la foule. Sans réfléchir, il bondit hors de la rame, court derrière elle, mais la perd, bousculé par l'incessant va et vient d'un flot humain. Il se hisse sur la pointe des pieds, croit reconnaitre sa chevelure blonde dans le couloir à droite, se précipite, la perd à nouveau, la devine sur l'escalator, direction Bellecour. Il s'élance dans cette direction, surgit sur la place. Il court dans tous les sens, croit la voir entrer dans une boutique, s'y précipite, mais ce n'est pas elle.

Théo erre sur le trottoir, les mains dans les poches et le regard perdu. Il surprend son reflet dans une vitrine. Au centre de la place, l'horloge marque 9h30. Il a manqué son rendez-vous.

L'alarme se met à hurler dans le petit matin et Théo se réveille en sursaut.

Le jour se lève doucement, donnant une teinte bleutée à la chambre. Une brise légère gonfle le rideau.

Théo bondit de son lit, saute dans la douche et se réveille doucement sous le jet d'eau tiède et les fragrances tropicales de son gel-douche revigorant.

Pendant qu'il s'habille, la cafetière diffuse son breuvage mousseux aux effluves de noisette caramélisée dans la petite tasse blanche.

Théo s'est mis sur son trente-et-un, il a rendez-vous pour un entretien d'embauche.

Dans le métro, il est debout, le dos appuyé à la vitre. Il pense à ce qu'il va dire, aux questions-pièges que l'on pourrait lui poser.

Le voici à présent dans le hall de l'agence. L'hôtesse d'accueil lui indique le bureau de la direction. Dans le miroir de l'ascenseur, Théo arrange le col de sa chemise, enlève un fil sur sa veste. Il a les mains moites. Sur la porte ou il frappe, il lit :

Emilie Bianca

Directrice d'agence

Il entend : ― Entrez !

La pièce est très lumineuse. Une immense baie vitrée donne sur la colline de Fourvière. Une jeune-femme se lève, derrière le bureau et vient le saluer. Elle a une belle chevelure blonde, bouclée et de grands cils comme des ailes de papillon. Théo lui tend une main timide et se sent subitement maladroit. Elle l'invite à s'assoir. Théo serre son dossier très fort contre lui comme pour se protéger.

― Parlez-moi de vous, dit alors Emilie.

Théo se gratte la gorge et se lance. Tous les entretiens qu'il a eu jusqu'à présent commençaient de la même manière. Pour l'instant, il maîtrise le sujet. Il se contente de répéter ce qu'il a déjà raconté les autres fois.

― Pouvez-vous me décrire une expérience professionnelle dont vous ayez été fier?

Là aussi, Théo a une réponse toute prête.

― Aimez-vous le travail en équipe ?

Bien sur, pense Théo.

L'entrevue touche à sa fin. Emilie se lève, raccompagne Théo vers la sortie et, en lui serrant la main, lui lance brusquement :

― Avez-vous une petite amie ?

Théo, surpris, bredouille : Euh…non

― Bien, répond Emilie, si vous êtes disponible, on pourrait prendre un verre ensemble ce soir?

Théo se met à bafouiller : Euh…oui, avec plaisir.

― Alors, à ce soir au bar du dauphin !

― A ce soir !

Théo est éberlué. Il ne sait comment il doit prendre cette invitation. Vêtu avec beaucoup de soin, il corrige sa coiffure, se sourit dans le miroir et se dépêche de rejoindre le bar du Dauphin.

Emilie est déjà là, assise à une table, dans une très jolie petite robe noire. Théo la trouve charmante mais reste sur la défensive. Il boit une gorgée de son cocktail pour se donner une contenance et attend qu'elle prenne la parole.

― Ma proposition a dû vous surprendre et je vous dois une explication. Il fallait absolument que je vous parle en dehors du cadre professionnel. Voila, toute à l'heure, lorsque je vous ai vu entrer dans mon bureau, j'ai eu un choc car je vous connais déjà.

Théo est un peu interloqué. Emilie continue :

― Figurez-vous que je rêve de vous depuis plusieurs nuits. Je suis dans une rivière, en train de nager et, tout à coup, prise dans un tourbillon, je me sens aspirée vers le fond et je me noie. Vous arrivez alors en nageant. Je vois votre visage très clairement, exactement comme je vous vois ici ce soir. Vous me saisissez et me sauvez en me ramenant vers la rive. Lorsque je veux vous remercier, vous disparaissez et je me réveille aussitôt. Ce rêve m'obsède et j'ai gardé votre visage très présent dans ma mémoire, alors, lorsque vous êtes entré dans mon bureau ce matin, j'étais bouleversée !

Théo ne sait que dire. Il observe Emilie en silence.

― C'est pourquoi, continue Emilie, après avoir reçu une bonne douzaines de candidats pour le poste, c'est vous que j'ai décidé de choisir !

Théo, légèrement paniqué, se gratte le crâne et commence à se demander si cette femme n'est pas un peu cinglée. Il réfléchit très rapidement à une réponse possible quand, soudain, son téléphone portable sonne dans sa poche. Théo se lève en s'excusant et s'éloigne de la table. Cet appel providentiel lui permet de réfléchir à ce qu'il va dire. Il revient vers la table et annonce :

― Je viens d'avoir une réponse positive pour un emploi qui me tenait vraiment à cœur. Je suis désolé de ne pouvoir donner suite à votre proposition. Je vous dis bonsoir et merci !

Et Théo disparait rapidement dans la nuit.

L'alarme se met à hurler dans le petit matin et Théo se réveille en sursaut.

Le jour se lève doucement, donnant une teinte bleutée à la chambre. Une brise légère gonfle le rideau.

Chaque matin, une nouvelle vie s'offre à Théo.







Fabinuccia